Les volleyeuses sénégalaises ne veulent plus de médaille en «chocolat»

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Le Championnat d’Afrique féminin de volley-ball 2017 se déroule du 7 au 14 octobre à Yaoundé. Les Sénégalaises veulent y décrocher la première médaille de leur histoire après avoir fini quatrièmes lors des trois dernières éditions. Elles espèrent  aussi se qualifier pour le Mondial 2018 au Japon.

Le chocolat n’a pas toujours bon goût. Demandez aux volleyeuses sénégalaises. Celles-ci auraient bien goûté pour la toute première fois à l’or, à l’argent ou au bronze, ces dernières années. Mais elles ont fini au pied du podium, lors des trois derniers Championnats d’Afrique féminin, en 2011, en 2013 et en 2015.

En sports, c’est ce qu’on appelle parfois un peu grossièrement la « place du c.. », une quatrième place ne donnant droit qu’à une seule médaille, fictive, en chocolat. Et qui peut, à force, générer un blocage psychologique ou un complexe…

« C’est un peu compliqué à gérer, admet la passeuse Aita Gaye, qui a pris part au dernier Championnat d’Afrique. On se pose des questions. On se demande pourquoi ça ne marche pas alors qu’on sait qu’on peut aller loin durant le tournoi ».

Un cap à franchir

« Aller loin », c’est monter pour la première fois de l’histoire du volley-ball sénégalais – hommes et femmes confondues – sur le podium d’un Championnat d’Afrique.

Cet objectif est parfaitement réalisable selon la capitaine Fatou Diouck, même s’il y aura sans doute un nombre record d’équipes participantes durant l’édition 2017, au Cameroun (7 au 14 octobre). « Lorsqu’on finit trois fois de suite quatrième, on a forcément un peu plus de pression que les autres, souligne celle qui a pris part aux trois dernières compétitions. Mais il ne faut pas oublier qu’on affronte des équipes habituées au fait de disputer des demi-finales, des finales et mêmes des Jeux olympiques. Leur expérience pèse un peu ».

Amadou Sène, coach des « Lionnes de la Téranga » depuis 2003, relativise aussi cette série frustrante. « L’équipe a amélioré ses performances, assure ce technicien expérimenté. On a encore fini quatrième, mais pas de la même manière. En 2015, lors du dernier Championnat d’Afrique, on était dans une poule extrêmement difficile avec les deux équipes qui ont représenté l’Afrique lors du Championnat du monde 2016 : la Tunisie et le Cameroun. On a pourtant fini premier au classement de notre poule ».

Les reines du retournement de situation

Il y a deux ans, les Sénégalaises avaient en outre marqué les esprits en s’imposant trois fois de suite 3 sets à 2 après avoir été menées 2-0, par les Camerounaises, les Tunisiennes et les Sénégalaises. « C’est grâce à notre force de caractère, s’amuse Aita Gaye. On est souvent mené 2-0 parce qu’on réagit tardivement. Mais on a un bon esprit collectif. Sans ça, on ne pourrait pas revenir à chaque fois dans la partie et gagner 3-2. En tout cas, on ne le faisait pas exprès ».

Amadou Sène a une explication : « Au niveau du staff, on n’effectue pas assez de scouting [d’observation de l’adversaire et détection de joueuses, Ndlr]. C’est donc au fil des matches qu’on acquiert des éléments de lecture sur le jeu de l’adversaire et les corrections à apporter au nôtre. Ça nous avait bien réussies la dernière fois. Mais on espère qu’on n’aura pas à revivre tous ces matches en cinq sets. »

En 2015, cette débauche d’énergie avait couté toutefois cher à l’équipe du Sénégal. Elle avait abordé sa demi-finale face à l’Algérie (0-3) et le match pour la 3e place (2-3 face au Cameroun) en étant fatiguée. « On ne s’était pas préparé dans les mêmes conditions qu’aujourd’hui, affirme le technicien. Cette fois-ci, ça s’est amélioré ». Il ajoute, au sujet d’un stage à Dakar : « C’est la première fois qu’on arrive à regrouper les joueuses avant de partir au Championnat d’Afrique. »

Faire reconnaître le volley au Sénégal

Pour les Sénégalaises, l’objectif sera triple au Cameroun : gagner une médaille, se qualifier pour le Mondial et faire reconnaître ainsi le volley-ball au pays du football-roi. Les finalistes du Championnat d’Afrique 2017 iront en effet au Championnat du monde 2018. « C’est une motivation supplémentaire pour aller en finale et finir premières ou deuxièmes », lance Aita Gaye.

« A ce niveau de compétition, on rentre vraiment dans une cour des grands où l’Etat injecte plus de moyens, estime Amadou Sène. Il n’y a pas beaucoup de disciplines collectives au Sénégal qui y sont arrivées ».

Ce serait l’occasion aussi de se faire une place au soleil dans un pays où le volley n’a pas grande presse. « Les gens disent qu’ils connaissent, désormais, raconte Fatou Diouck. Mais ils sont par exemple incapables de vous dire si en volley on marque un point ou un but. Ils ne comprennent pas comment ça se joue. Le volley n’est pas aussi développé que dans certains pays ».

Amadou Sène conclut :« Maintenant, on a envie que ça bouge un peu. Il y a du bon travail abattu à tous les niveaux, à la Fédération. […] On croit en notre projet. Mais on a quand même besoin de faire un résultat. »

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