« Nous condamnons ce coup d’État militaire et nous ne capitulerons pas face à ces déclarations anticonstitutionnelles. Et nous le combattrons avec tous les moyens de la résistance civile. » Publiée sur son compte Twitter le 26 octobre, au lendemain du putsch perpétré par le chef de l’armée soudanaise, cette déclaration de la ministre des affaires étrangères annonce le ton.

Une fervente opposante à Omar el-Béchir

Mariam Al-Sadig a été révoquée, comme a priori ses vingt-six collègues au gouvernement, tandis que le premier ministre, Abdallah Hamdok, demeure, lui, assigné à résidence. Dix jours plus tard, des médias soudanais annonçaient la nomination prochaine d’un nouveau premier ministre. Mais en attendant, la ministre en poste depuis février continue d’assurer ses fonctions de cheffe de la diplomatie, depuis son domicile où elle est confinée après avoir contracté le Covid-19.

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« Nous ne reconnaissons pas le gouvernement militaire et, jusqu’à présent, la communauté internationale est restée ferme sur sa position de ne pas le reconnaître non plus. Mariam Al-Sadig est par conséquent toujours considérée comme la ministre des affaires étrangères du Soudan », résume son conseiller politique, Abdullahi Elfadil.

Cette fervente opposante à Omar el-Béchir, dictateur déchu en 2019, a multiplié les appels diplomatiques la semaine suivant le coup d’État, s’entretenant entre autres avec le secrétaire d’État américain et l’envoyé spécial des États-Unis. « Ils se sont adressés à elle en tant que ministre des affaires étrangères », précise son conseiller.

La libération des ministres exigée

La première requête de Mariam Al-Sadig concerne la libération du premier ministre, avec qui elle n’a pas pu échanger depuis le putsch, à cause de la restriction des communications de ce dernier. Elle exige en outre la remise en liberté des quatre ministres et des dizaines de politiques, journalistes et activistes arrêtés depuis le 25 octobre.

« Elle a aussi expliqué à la communauté internationale et aux pays de la région que le peuple soudanais s’oppose unanimement à la dictature et est déterminé à restaurer la démocratie et un gouvernement civil », complète Bazara Ali, son directeur de cabinet.

Une fois ces conditions remplies, la vice-présidente d’Oumma, un parti islamique centriste, n’exclut pas un retour au partenariat avec les militaires, prévu par l’accord sur la transition démocratique censée conduire à la tenue d’élections. « Son excellence est optimiste, affirme son conseiller. Nous avons besoin de prendre des mesures pour rétablir la confiance qui a été brisée. Mais aucun partenaire ne peut exclure l’autre. Nous devons rester unis et considérer le bien du pays comme notre priorité numéro un. »

Un engagement familial

Ce patriotisme, Mariam Al-Sadig l’a hérité de son père, Sadig Elmahdi, premier ministre jusqu’au coup d’État d’Omar el-Béchir en 1989. « Nous avons été élevés dans une famille qui nous a encouragés à servir le peuple et à aider les personnes dans le besoin par tous les moyens », se souvient Abdullahi Elfadil, par ailleurs cousin de la ministre.

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Cette ancienne pédiatre, également diplômée d’un master de droit et mère de cinq enfants, a donc choisi de quitter son hôpital, il y a une vingtaine d’années, pour se consacrer à la défense des droits de ses concitoyens. Un combat qui lui a valu plusieurs séjours en prison