Comment la start-up Starry veut révolutionner l’accès à Internet

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Chet Kanojia ne manque pas d’ambitions. Après avoir tenté de bousculer la télévision par câble aux Etats-Unis, l’entrepreneur s’offre un nouveau pari: révolutionner l’accès à Internet, un marché cadenassé par quelques entreprises qui se partagent le pays sans véritablement se livrer une rude concurrence. Fin juillet, sa nouvelle start-up, baptisée Starry, a lancé sa première offre commerciale à Boston (Massachusetts). Mais le service reste limité et ses perspectives encore très floues.

ONDES À TRÈS HAUTE FRÉQUENCE

A terme, Starry fait miroiter une vitesse de connexion d’un Gigabit par seconde, un débit qui n’est pour le moment accessible que par l’intermédiaire de la fibre optique. La société adopte une approche différente. Elle se sert d’ondes à très haute fréquence, baptisées mm-waves et qui ne sont jusqu’à présent pas utilisées. “Les gens ont toujours pensé que la fibre optique était la réponse à tout, explique M. Kanojia. Mais personne n’a jamais proposé une architecture pouvant être déployée aussi facilement que la nôtre”.

L’infrastructure se rapproche des réseaux de téléphonie mobile. Elle repose en effet sur de petites antennes relais, placées sur les toits d’immeubles ou de maisons. Les clients de Starry disposent d’un petit boîtier accroché à leur fenêtre et d’un routeur WiFi dans leur logement. Le système présente cependant une différence majeure par rapport à la téléphonie mobile: la portée des ondes émises est bien moins élevée. Cela signifie que le réseau d’antennes doit être beaucoup plus dense pour quadriller une zone.

COÛT INFÉRIEUR

Selon Starry, l’utilisation des mm-waves doit permettre d’étendre le réseau beaucoup plus rapidement et pour un coût bien moins élevé. Le déploiement de la fibre optique nécessite en effet d’importants travaux pour relier chaque immeuble avec des câbles souterrains. M. Kanojia assure pouvoir couvrir l’ensemble de la ville de Boston pour moins de dix millions de dollars. Dans le même temps, l’opérateur Verizon prévoit de dépenser 300 millions de dollars pour raccorder Boston à la fibre.

La start-up prévoit de répercuter cet avantage sur le prix de son service. A Boston, l’abonnement a ainsi été fixé à 50 dollars par mois. Mais de nombreux défis restent encore à remplir. Pour le moment, Starry ne propose qu’une vitesse de connexion de 200 Mbps, cinq fois moins que son objectif. Il faudra aussi prouver la fiabilité du réseau lorsque les conditions météorologiques sont difficiles. Et ensuite trouver des investisseurs pour financer le déploiement, car les 62 millions de dollars déjà levés ne suffiront pas.

CONCURRENCE

Surtout, Starry pourrait bientôt affronter une redoutable concurrence. Après avoir suspendu l’expansion de son offre de fibre optique, Google pense en effet à utiliser les ondes à très haute fréquence pour poursuivre ses efforts. L’an passé, le moteur de recherche a déjà racheté le fournisseur d’accès Webpass, qui utilise une autre technologie sans fil. Facebook, par l’intermédiaire de son Connectivity Lab, dispose également de projets dans le domaine, comme le prouvent plusieurs brevets déposés l’an passé.

Par ailleurs, les grands opérateurs mobiles américains travaillent aussi sur les ondes à très haute fréquence, dans le cadre du développement de la 5G. Dans un premier temps, ils souhaitent utiliser cette technologie pour proposer une offre Internet pour les habitations et les entreprises, se substituant ainsi aux traditionnelles connexions par câble. Verizon et AT&T, qui mènent des tests depuis ce printemps, assurent être en mesure de lancer un tel service dans plusieurs villes avant la fin de l’année.

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