Numérique au Sénégal : Focus sur la fibre optique

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À l’instar des autres pays d’Afrique, le Sénégal entend se servir des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) comme levier pour l’essor des secteurs porteurs de son économie comme l’agriculture, l’éducation, l’agro business, l’habitat social, les industries minières, le tourisme, la santé et le transport. Les TIC constituent en fait deux technologies qui ont été regroupées à partir du moment où les technologies de l’information ont commencé à être appliquées dans des applications de télécommunications. Les technologies de l’information sont reliées aux sciences utilisées respectivement pour concevoir, stocker, transporter et divulguer l’information tandis que les technologies de la communication sont-elles reliées aux sciences qui permettent de faciliter les communications sous toutes ses formes.

Historiquement, l’homme devait marcher, utiliser un cheval ou un bateau des jours voire des mois pour pouvoir délivrer un message quel que soit son degré de priorité. Au fil des âges, les hommes se sont rivalisés d’imagination et d’ingéniosité pour améliorer les moyens et le temps d’expédition d’une information. Ainsi, un système de signaux visuels à l’aide de bûchers enflammés selon un code préétabli fut utilisé pour annoncer la chute de Troy en seulement quelques heures dans un rayon de quelques centaines de kilomètres. La première grande avancée dans le domaine des TIC a été obtenue avec les tours de communication (télégraphe optique) par sémaphore de Chappe vers 1793. Ces tours permettaient de transmettre par exemple un message entre Paris et Lille dès 1794 en 6h de temps au lieu de 3 jours. Le système de Chappe présentait de lourds inconvénients car son efficacité dépendait de la météo comme la neige, le brouillard ou la nuit.

Entre 1995 et 2021, le nombre d’utilisateurs d’internet est passé de 16 millions (0.4 % de la population mondiale) à presque 7900 millions (64.7 % de la population mondiale) en 2021, soit presque 500 fois plus d’utilisateurs en 16 ans. Imaginez par exemple 3 milliards d’individus se connecter en même temps sur internet! Cette forte augmentation d’utilisation d’internet fait face à plusieurs enjeux cruciaux. Parmi eux, il y en a un qui a été toujours problématique d’ailleurs, à savoir l’augmentation de la vitesse de transfert des données sur de courtes comme sur de longues distances. Cette vitesse, mesurée en bps (bit par seconde), a fait l’objet de course effrénée durant ces dernières décennies. Pour rappel, 1Kbps renvoi à mille bps, 1 Mbps renvoi à 1 million de bps, 1 Gbps renvoi à 1 milliards de bps et 1 Tbps renvoi à 1 billion de bps et plus le nombre est grand plus la vitesse de transfert de données est élevée.

La technologie ADSL couramment utilisée permet d’atteindre une vitesse maximale de transfert de données de 15 Mbps alors que la technologie HFC-câble coaxiale permet d’atteindre une vitesse maximale de 800 Mbps. La technologie la plus récente utilisée pour transférer des données numériques est la fibre optique qui présente beaucoup plus d’avantages que les moyens de transport d’information cités précédemment. Son premier avantage est qu’elle offre la possibilité d’atteindre des vitesses maximales de transfert de données jamais égalées jusque-là car l’information est transportée via la lumière. Pour des raisons d’infrastructures et de coûts, sa vitesse maximale est autour de 10 Gbps pour les services offerts au grand public.

La fibre optique possède également une longue durée de vie pouvant aller jusqu’à 1 siècle. Elle offre également la possibilité d’obtenir la très très haute définition sur votre téléviseur comme la qualité 4K qui a 4 fois plus de résolution que la HD (Haute Définition). Cependant, tout n’est pas rose dans la fibre optique car elle est plus fragile mécaniquement et plus coûteuse à installer que l’ADSL et le câble coaxial.

Pour les personnes qui se demandent comment ces fibres optiques de la taille d’un cheveu sont fabriquées, en voici le procédé de base. À partir de la silice (SiO₂) que l’on retrouve dans de nombreux minéraux comme le quartz, la calcédoine et l’opale, des éléments préformés cylindriques sont fabriqués.

Le développement économique du Sénégal et de l’Afrique passera par la maîtrise des technologies de l’information et de la communication. À cause de ses capacités exceptionnelles de vitesse de transmission de données, la fibre optique est aujourd’hui le principal support utilisé dans le domaine des TIC. D’où l’intérêt pour notre société de s’en accaparer pour bâtir une économie forte qui permettra d’endiguer la pauvreté. Malgré les multiples efforts du gouvernement sénégalais et ses partenaires, son déploiement sur le territoire national reste encore un défi de taille.
Ou en est le Sénégal par rapport à la fibre optique aujourd’hui? Ceci pourrait être l’objet d’un prochain article sur les sciences et technologies au Sénégal.

Dr Assane Ndieguene
Ingénieur-chercheur R&D en photonique, packaging et MEMS

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