RDC : 84 soldats jugés à Kavumu pour meurtres et viols
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Lundi à Kavumu, dans la province du Sud-Kivu, s’est ouvert le procès de 84 soldats congolais accusés de meurtres, viols et autres crimes graves commis contre des civils dans l’est de la République démocratique du Congo.
Les faits remontent à un weekend de violence au cours duquel les accusés auraient pénétré de force dans plusieurs villages des territoires de Kabare et Kalehe, violant plusieurs femmes et tuant au moins 12 personnes.
Les soldats, jugés devant un tribunal militaire, sont accusés d’avoir commis des exactions brutales dans une région déjà fragilisée par le conflit, notamment avec l’avancée des rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. Cette situation complexe a plongé la population dans l’insécurité et la peur, alors que la guerre fait rage aux frontières de la ville de Bukavu.
Dans le cadre de ce procès, les avocats des victimes ont requis la peine capitale pour tous les accusés, rappelant la gravité des actes commis. Pascal Mupenda, avocat des victimes, a évoqué l’ampleur des crimes : « Tous ces soldats ont déjà tué 12 personnes, des décès que nous déplorons. Il y a eu de nombreux cas de viols, de pillages et de vols, et c’est pour toutes ces raisons qu’ils se trouvent ici aujourd’hui. » Une demande de justice qui témoigne de la souffrance des populations locales.
Cependant, l’avocat de la défense, Guy Simango, soulève des éléments de contexte qui complicité les responsabilités. Selon lui, les soldats accusés étaient abandonnés par leurs supérieurs et ont souffert de conditions de vie extrêmes pendant le conflit : « Quand on écoute nos clients, ils disent qu’ils ont été abandonnés par leur commandant. Abandonnés à leur sort. Ils ont même passé quatre jours, une semaine, deux semaines au front sans manger, et aujourd’hui ils se retrouvent ici. Sont-ils les coupables ? Qui sont les vrais coupables ? Il y a même des malades. Il y a des gens qu’on a amenés de l’hôpital. Ils sont malades, et on les amène ici devant le juge. N’est-ce pas qu’ils ont été sacrifiés par leurs commandants ? »
Ce procès intervient dans un contexte de guerre persistante, avec des milliers de victimes civiles depuis le début du conflit en janvier. Les répercussions de cette affaire s’étendent au-delà de la simple question de la culpabilité des accusés, en soulevant la question de la responsabilité des commandants militaires et du commandement supérieur.
Alors que la guerre se poursuit et que les tensions restent vives dans l’est du pays, la décision de justice qui sera rendue à l’issue de ce procès pourrait avoir des conséquences lourdes non seulement sur les accusés, mais aussi sur la stabilité de l’armée congolaise.