Présidentielle au Mali : une grosse inconnue à deux jours du scrutin

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Les Maliens ont rendez-vous avec les urnes ce 29 juillet. Mais, à deux jours du vote, la lancinante question de la fiabilité du fichier électoral n’est pas encore réglée. De quoi provoquer une crise politique aigue dans un pays déjà fragilisé par les violences au nord et au centre

Il reste quelque 48 heures pour que les Maliens désignent le successeur d’Ibrahim Boubacar Keïta (71 ans) élu en 2013. Et les cœurs battent déjà la chamade tant du côté des 24 candidats que du côté des électeurs.

Mais, avant l‘échéance, un bâton qui risque de faire dérailler la machine électorale. En cause, le fichier électoral qui déchaîne toutes les passions et les ardeurs dans la classe politique malienne. Un fichier électoral « totalement différent » de celui audité le 27 avril par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), selon les explications données la semaine dernière par Tiébilé Dramé, directeur de campagne de Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition et challenger, selon des estimations, du président sortant.

En effet si le fichier mis en ligne le 4 juillet par le gouvernement faisait état de 8.105.154 électeurs, celui audité par les experts internationaux de l’OIF revendique lui, un chiffre de 8.000.462 électeurs. Soit un surplus d’une centaine de milliers de voix. Conclusion : « Il ne s’agit ni plus ni moins que d’un fichier parallèle », avait ajouté Tiébilé Dramé.

Si l’administration malienne reconnaît « les erreurs techniques dans la mise à jour du fichier », elle rejette toutefois la tentative de fraude. « Les tables 2, 3 et 4 du fichier mis en ligne n’ont pas été mises à jour. Cela veut dire le nombre de villages a changé, on n’a pas mis à jour. Le nombre de bureaux de vote a changé parce que la loi a changé, on n’a pas mis à jour. Et c’est de là que provient l’erreur qui a servi à intoxiquer l’ensemble des citoyens en leur donnant de mauvaises informations », a expliqué le 24 juillet, Mohamed Ag Erlaf, ministre de l’Administration territoriale, chargé de l’organisation des élections au Mali.

Le problème demeure

Une explication qui est loin de convaincre tous les candidats. D’autant plus que le camp de Soumaïla Cissé a boycotté une réunion entre le gouvernement, les partis politiques et les membres de la Commission électorale et les agents de la délégation aux élections.

Et même ceux qui ne sont pas candidats se sont invités à ce débat. Le cas de l’ancien président Moussa Traoré qui régna sur le Mali pendant 23 ans. Il y a en effet deux jours, celui qui a été renversé par coup d‘État en mars 1991 déclarait sur la chaîne francophone TV5 Monde qu’il « faut régler cette question avant dimanche pour trouver une solution de paix ».

Or, dimanche 29 juillet, c’est dans deux jours, voire moins. Et que ce problème de fichier semble encore non résolu. Déjà fragilisé par des questions sécuritaires au nord et au centre où les affrontements entre jihadistes et forces armées appuyées par les Casques bleus, les troupes de Barkhane et du G5 Sahel, le Mali fait face à un sérieux problème de gouvernance électorale.

Et c’est souvent à cause des questions de gouvernance électorale, et même de la mauvaise foi que très souvent naissent des crises politiques très aigues en Afrique.

koumpeu.com

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