L’histoire retiendra. C’est à un exercice inédit à la mémoire politique du Sénégal, que s’est livré hier, 16 septembre 2018, le candidat Ousmane SONKO, leader du mouvement ‘’PASTEF’’. Pointé au centre d’un plateau couronné d’éminences, avec quatre (04) journalistes, les moins tendres certainement, un économiste et un sociologue ; devant eux, un public hétérogène dominé par une jeunesse affamée de changement, l’inspecteur générale des impôts a pu brillamment résister aux coups des panélistes dans cette arène intellectuelle.
Sur les pas d’hommes d’état des grandes démocraties
Un grand oral diffusé en directe sur une chaîne de télévision pour décliner « SOLUTIONS », un livre-vision, et puis, déclarer sa candidature à la présidentielle de 2019 n’est sans doute pas un choix fortuit. Il s’agit d’un très gros coup de communication politique, du genre ‘’OBAMA’’. Eh OUI ! SONKO n’est pas petit ! Il faut être adepte des arts oratoires pour immobiliser près de deux mille cinq cent (2500) personnes pendant trois (03) tours d’horloge.
Parti pour une révolution politique, l’enfant prodige de la Casamance sent du Thomas SANKARA quand il assène : «Nous ne sommes pas contre la France, nous sommes pour le Sénégal ». Un désir ardent, porté sur la nationalisation de nos ressources, de notre économie en général. Il fallait faire focus sur Ousmane SONKO: quand il dévoilait les insuffisances de la ‘’haute trahison’’ et préconisait l’engagement de la responsabilité politique du Chef de l’Etat ; quand il étale ses algorithmes pour l’augmentation des recettes fiscales sans pour autant créer de nouveau impôts ; quand il affiche Sa fermeté pour la renégociation de tous les contrats miniers, gaziers, pétroliers entre autres ; quand il promeut la préférence nationale, en citant les artisans sénégalais comme premier levier de la commande public en terme de mobilier ; comment il compte booster le tissu économique en favorisant les PME-PMI à travers un modèle de transformation structurelle ; des réformes agraires en facilitant l’accès au foncier et à la semence certifiée, pour un retour catégorique à l’agriculture familiale. Un véritable ‘’Sankariste’’.
Tantôt, d’aucuns le notent comme le MACRON sénégalais. En tout cas, les prémisses de son idéal de révolution redorent le champ politique. L’homme incarne le changement, un nouveau type d’homme politique. Pour lui, « il faut changer le système» et pour y parvenir, il faut changer le type de dirigeant politique. Malgré qu’il fût haut fonctionnaire de l’Etat, il se proclame électron-libre du système, mais conforme aux principes de vertu régissant la société sénégalaise: « je suis le prototype aboutit et parfait du sénégalais» pour reprendre ses termes.
Une nouvelle donne qui met une pression énorme sur le pouvoir et toute la classe politique
Proposer sa vision du développement dans un livre, puis le soumettre à la confrontation publique, c’est ce qu’on appelle ’’respecter l’intelligentsia de son pays’’. Du véritable courage politique. Le candidat SONKO a ouvert le bal. Dorénavant, comme chez toutes les démocraties modernes, le peuple sénégalais dispose d’un moyen de filtre plus efficace que le parrainage : c’est l’élection des programmes.
Conscient de la portée historique de sa sortie, le leader de PASTEF en a profité pour mieux égratigner le pouvoir en place. Lui qui ne cesse de crier une incompétence notoire des dirigeants actuels, invite le Président Macky SALL et ses ministres, à une confrontation intellectuelle sur les questions d’intérêt national.
Sans épargner l’opposition, il fustige tout programme ficelé sur quelque trois (03) feuilles pour réussir un coup de bluff. « Kû gnémé gneweul guèew » !
La discipline dans les rangs de ‘’PASTEF’’
Des ‘’Patriotes’’ très dévoués ont rempli la place de l’obélisque hier, dédaignant la forte canicule qui bouillonnait les esprits. Une organisation soignée, des consignes respectées à la lettre. Des militants très disciplinés à la grande stupéfaction des journalistes présents sur le panel, une attitude responsable et rare dans les rencontres politiques. Mieux, la jeunesse estudiantine était fortement représentée. Les habitués des fronts contre les GMI sur l’avenue Cheikh Anta DIOP allaient à l’assaut du livre-vision ‘’SOLUTION’’. Un signal très fort.
Dans son costume gris, chemise blanche, cravate noire, oreillette, le leader des patriotes ému de la forte mobilisation et des acclamations ‘’Prési ! Prési !’’, va jusqu’à rehausser ses prétentions en nombre de parrainage fixées au départ à deux cent mille (200 000) signatures, il en veut un million maintenant. Envie de rassurer ses partisans, il renchérit pour clôturer son meeting politique: « Ci kaw, ci kanam et la victoire au soir du 24 février 2019 !» Huumm nélaw amatoul !