Huawei réplique à Donald Trump: les Américains nous « sous-estiment »
Le géant chinois des télécoms a répondu à Donald Trump après plusieurs offensives américaines à son encontre. Le fondateur du géant chinois des télécoms Huawei, Ren Zhengfei, a déclaré mardi que les Etats-Unis « sous-estimaient » son entreprise, promettant que son programme de développement de la 5G ne serait « pas affecté » par les mesures américaines visant à le bloquer.
« Vous, Américains, vous nous sous-estimez! ». Tels sont les propos du patron d‘Huawei au lendemain de l’annonce de Google et autres producteurs de semi-conducteurs de mettre fin à toute livraison vers le Chinois.
« Le personnel politique américain, par ses façons de faire à l’heure actuelle, montre qu’il sous-estime notre force« , indique Ren Zhengfei. « La 5G de Huawei ne sera absolument pas affectée (par tout cela). En matière de technologie 5G, ce n’est pas en deux trois ans que les autres entreprises pourront rattraper Huawei. »
En plaçant Huawei sur liste noire et en le pénalisant durement, le président américain Donald Trump a tiré une nouvelle salve contre Pékin. Les États-Unis voient dans la confrontation directe la meilleure approche pour freiner la montée en puissance de la Chine.[
90 jours pour s’adapter
Lundi, Washington semblait toutefois vouloir calmer le jeu. Un délai de 90 jours a ainsi été accordé au Chinois et ses partenaires américains pour s’adapter.
Plusieurs médias ont indiqué que des discussions sont actuellement en cours avec Google pour tenter de trouver une solution. « Google est une bonne entreprise et une entreprise hautement responsable », a affirmé le patron d’Huawei.
Nous n’allons pas, à la légère et sur un coup de tête, nous passer désormais des puces américaines. Nous devons grandir ensemble (avec ces compagnies).Washington estime en effet que Huawei est un acteur incontournable des télécoms dans le monde en développement. Mais il pose des risques de sécurité nationale et de violation de la vie privée de ses utilisateurs en raison de ses liens étroits avec le gouvernement chinois. Le groupe rejette ces accusations. « Nous n’allons pas, à la légère et sur un coup de tête, nous passer désormais des puces américaines. Nous devons grandir ensemble (avec ces compagnies) », plaide Ren Zhengfei. « Mais en cas de difficulté d’approvisionnement, nous avons des solutions de rechange. En période de paix (avant la guerre commerciale, NDLR), nous nous fournissions pour moitié en puces venant des États-Unis et pour moitié venant de Huawei. On ne pourra pas nous isoler du reste du monde. »
Le jeu où le gagnant rafle tout
Pour Jake Stokes, qui fut le conseiller pour l’Asie de l’ex vice-président Joe Biden, l’administration Trump a tendance à voir dans les relations avec la Chine un jeu où le gagnant rafle tout, alors que l’administration Obama cherchait des domaines de coopération positive avec Pékin.« Cela dit, je pense qu’il y a un consensus (…) selon lequel un rééquilibrage est justifié, et que c’est juste une conséquence naturelle d’un équilibre des pouvoirs modifié par la montée en puissance de la Chine », indique celui qui est désormais expert au centre de réflexion Institute of Peace.
Les relations commerciales avec la Chine, longtemps basées sur l’offre de main-d’oeuvre chinoise à bas prix, « se désagrègent », indique-t-il. « Une part importante et croissante de la Chine est un pays développé et elle agit comme un pays développé. »