Afrique: Comment la cocaïne finance les terroristes

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Une année de commerce de cocaïne en Afrique représente environ 800 millions de dollars. A titre de comparaison les attentats du World Trade Center ont coûté 500 000 dollars. « Imaginez le nombre d’attentats que les terroristes peuvent financer rien qu’avec le commerce de la cocaïne » souligne Nabil Adel, directeur de l’institut de géopolitique et géoéconomie de l’école de management ESCA, basée à Casablanca au Maroc. Le spécialiste des conflits armés nous présente les sources de financement du terrorisme islamiste.

1- Comment la cocaïne finance les groupes terroristes.

L’Afrique de l’Ouest est devenue une des plaques tournantes du trafic de cocaïne latino-américaine vers l’Europe. « Autoroute A-10 » c’est le surnom donné par les spécialistes à la plus importante voie d’acheminement de la drogue. Elle longe de 10è parallèle, avant de remonter à travers le désert vers l’Europe. « Les marchandises sont acheminées par avion ou par voie maritime au Golfe de Guinée puis au reste du continent africain. Les groupes djihadistes sécurisent les voies pour le passage de cette drogue vers l’Europe et prélèvent une partie des flux financiers qui leur sert à financer des opérations terroristes » souligne Nabil Adel. Chaque année, la poudre blanche génère environ 800 millions de dollars.

2- Des terroristes très médiatiques

Depuis les années 2000, les prises d’otages se sont intensifiées et ont changées de nature. Avant cette date, les terroristes s’en prenaient essentiellement aux cibles hypersécurisées telles que les ambassades, les palais de justice, les résidences de diplomates. Leur cible: les otages à la valeur d’échange élevée. Aujourd’hui, les rapts visent surtout à assurer une forte médiatisation. Ce fut le cas, lors de l’enlèvement des 276 lycéennes à Chibok au Nigéria (14 avril 2014) qui suscita une intense émotion à l’échelle internationale, notamment grâce à la campagne #BringBackOurGirls. « L’objectif est double: diffuser un sentiment d’insécurité au sein des populations et montrer l’étendue de la puissance des groupes terroristes. Là, on est vraiment dans la démonstration de puissance » explique le directeur de l’école de management marocaine.

3- Daesh, naissance du premier Etat terroriste

Avant le 11 septembre 2001, la menace terroriste était confinée à Al Qaïda dans une partie de l’Afghanistan. Mais aujourd’hui, Al Qaïda, et ses ramifications opèrent dans plus de 29 pays. Certains états fournissent une aide logistique ou une aide matérielle indirecte. L’État islamique en Irak et au Levant, Daesh en arabe, contrôle aujourd’hui un territoire grand comme la moitié de la France, à cheval sur la Syrie et l’Irak. Dans ces deux pays, il gère 20 puits de pétrole et 14 banques. Avec Daesh, le financement du terrorisme a changé de nature. Les donations ne pèsent plus que 2 % de ses ressources financières: « l’Etat islamique lève des impôts, fait du commerce extérieur, il a un commerce intérieur… et donc une économie qui lui permet de financer «  l’expansion du terrorisme souligne Nabil Adel.

4- Associations lucratives pour les terroristes 

Dans l’islam, le waqf désigne le don d’un bien, par exemple une maison, à une association caritative religieuse : les revenus issus de ce bien contribuent à financer les activités de l’association. Par extension, le  waqf désigne également les associations religieuses qui se financent par les dons. Or, aussi bien au Koweït qu’en Arabie Saoudite, au Qatar, et ailleurs, des pans entiers du waqf servent, sous couvert de charité musulmane, à financer le terrorisme.

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