Affaire Diack et Affaire Sonko : de qui se moque la presse de révérence ?
C’est connu de tous : la meilleure façon de faire oublier ses démons, c’est d’en créer aux autres. Tout est parti de l’affaire des 94 milliards détournés, selon Sonko, par un cadre de l’APR, directeur des domaines. Cette affaire qui a été soulevée, il y a quelques mois de cela, n’a pratiquement jamais intéressé cette presse qui vient aujourd’hui nous inonder avec des révélations sur l’auteur de ces accusations très graves. D’accusateurs, Sonko est ainsi passé, comme par prestidigitation à coupable ! Nous ne perdrons pas notre temps à chercher à savoir si Sonko est coupable ou non, ce n’est point de notre ressort. En revanche, nous constatons une incohérence manifeste du pouvoir et de sa presse dans leur prétendue volonté de transparence et d’éthique en politique.
Cette presse qui avait, il n’y a guère longtemps, pris fait et cause pour les Diack éclaboussés très lourdement dans l’affaire de corruption à l’IAF est la même qui vient persécuter Sonko comme elle l’avait fait contre les autres opposants de Macky Sall. C’est quand même paradoxal de voir cette presse qui a tout fait pour noyer cette affaire vienne se prévaloir aujourd’hui d’un devoir d’investigation sur des candidats à la présidentielle. Cette presse et ces gouvernants ont déclaré publiquement apporter leur soutien ferme aux Diack (le vieux est ami de Youssou Ndour) alors que sur le plan des principes, une malversation, une corruption sont mauvaises quel que soit le contexte ! Ce qui est recherché par-dessus tout dans cette entreprise de diabolisation outrancière des opposants, c’est, en plus de les décrédibiliser dans une certaine opinion, de persuader les Sénégalais que les HOMMES POLITIQUES SONT TOUS PAREILS.
C’est ce qu’on appelle un nivellement par le bas : toutes les têtes qui dépassent doivent être coupées. Autrement dit, s’ils sont tous mauvais, pourquoi changer alors ? C’est la logique qui sous-tend l’acharnement médiatique contre Sonko par des journalistes dont la proximité avec le régime est d’ailleurs connue de tous. Comment une presse restée muette sur l’affaire Lamine Diack et sur l’affaire du directeur des Impôts et domaines, peut-elle être si loquace dans la tentative de décrédibilisation de Sonko ? Peut-elle désormais être crédible d’ailleurs ?
Aux auteurs de cette manipulations, nous disons que même au cas où Sonko serait coupable de ce dont ils l’accusent ça n’absoudrait guère Macky Sall et son régime. De toute façon, sauf par malédiction, l’histoire politique du Sénégal ne peut plus produire pire que Macky !
RAPPEL : Voici ce que Lamine Diack a répondu aux enquêteurs français : « Il fallait pour cela financer notamment le déplacement des jeunes afin de battre campagne, sensibiliser les gens à la citoyenneté. (…) J’avais donc besoin de financements pour louer les véhicules, des salles de meetings, pour fabriquer des tracts dans tous les villages et tous les quartiers de la ville. M. Balakhnichev [président de l’ARAF, la Fédération russe d’athlétisme] faisait partie de l’équipe Poutine et à ce moment il y avait ces problèmes de suspension des athlètes russes à quelques mois des championnats du monde en Russie. Nous nous sommes entendus, la Russie a financé. C’est Balakhnichev qui a organisé tout ça. Papa Massata Diack [l’un des fils de Lamine Diack] s’est occupé du financement avec Balakhnichev ».
PROBLÈME : Si vraiment notre sainte presse était motivée par le souci de transparence et de démocratie, elle aurait pu investir son énergie et son ingéniosité à enquêter sur les bénéficiaires de cette manne financière au lieu de noyer, si grossièrement, le poisson dans l’eau. Si les allégations de M. Diack sont vraies, cela signifierait que parmi les gens qui nous gouvernent aujourd’hui, il y en a qui ont « acheté » leur station avec de l’argent sale. Comment une presse qui a couvert une telle ignominie peut-elle s’acharner contre Sonko sous le prétexte que les prétendants au pouvoir doivent être examinés pour avoir une idée sur leur probité ?
POSTULAT : En attendant que nos lecteurs nous aident à trouver des réponses à nos questions, nous postulons l’existence d’une véritable mafia politico-médiatique qui a conquis le pouvoir par des moyens malhonnêtes dont, le mensonge, la corruption et la diabolisation à outrance. Il faut par conséquent que les citoyens comprennent une bonne fois pour toutes que ce n’est par une sorte de piétisme démocratique ou de civisme inhibant qu’on va se débarrasser de cette mafia.
Alassane K. KITANE
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès
Président du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal