CES 10 EVÉNEMENTS QUI ONT BOUSCULÉ LA TECH EN 2019
koumpeu.com–Chaque année, les annonces des grandes entreprises high tech font la une des médias, spécialisés comme généralistes. Que nous a réservé 2017 ? koumpeu vous propose une rétrospective des dix temps forts de l’année qui s’achève.
L’année 2017 confirme la tendance : internet est de plus en plus centralisé. Lancements de produits phares, rachats à coups de millions de dollars et capitalisations boursières, l’actualité technologique de cette année a été largement dominée par les Gafam et les géants asiatiques.
Lancement de la Nintendo Switch
Annoncée deux ans plus tôt sous le nom de code « Nintendo NX », la Switch a été lancée par Nintendo le 3 mars 2017. C’est la septième console de salon de la firme vidéoludique japonaise depuis la Wii U, sortie en 2012, mais c’est surtout la première console hybride, à la fois fixe et portable. Alors que Nintendo déclinait depuis quelques années et peinait à vendre sa Wii U, le lancement de la Switch est un véritable succès. Le 12 décembre dernier, le directeur de Nintendo of America, Reginald Fils-Aimé, a annoncé à CNN que la Switch avait été vendue à plus de 10 millions d’exemplaires – avant les fêtes de fin d’année. Il avait fallu trois ans à l’entreprise japonaise pour vendre autant de Wii U.
Attaques de rançongiciels
Quel est le point commun entre Renault en France, Telefonica en Espagne, le ministère de l’Intérieur russe et le système de santé publique britannique (NHS) ? Toutes ces institutions ont été attaquées en mai 2017 par WannaCry. Connu aussi sous les noms de WannaCrypt et WannaCyrpt0r 2.0, il s’agit d’un logiciel malveillant présent dans des courriels vérolés et qui exploite une faille de sécurité dans Windows afin d’empêcher les institutions infectées d’accéder à leurs données. WannaCry est un rançongiciel, c’est-à-dire qu’il est possible pour les victimes de récupérer leurs données, à condition d’envoyer une rançon en bitcoins.
Cette attaque, qui a touché plus de 300 000 ordinateurs dans plus de 150 pays, est considérée comme le plus grand piratage à rançon de l’histoire numérique. Pourtant, la faille utilisée par WannaCry avait déjà été exploitée par l’agence de renseignement américaine (NSA), a révélé le groupe de hackers The Shadow Brokers en avril 2017. Pire, cette faille avait été corrigée par Microsoft en mars 2017. Au-delà de ses conséquences économiques, l’attaque de WannaCry révèle donc que toutes ces institutions utilisaient des ordinateurs équipés de systèmes d’exploitation antérieurs à Windows 10, soit obsolètes, soit non mis-à-jour.
WannaCry resurgit le 23 juin 2017 dans les médias, après une attaque visant l’usine Honda, au Japon. Cinq jours plus tard, un nouveau logiciel malveillant, NotPetya, infecte le géant pétrolier russe Rosneft, le métro de Kiev, les entreprises Mars et Nivea, ou encore Auchan et la SNCF. NotPetya est aussi un rançongiciel et exploite la même faille dans Windows que WannaCry, mais ne se propage pas de manière sauvage sur internet comme lui. Il s’installe via des fichiers exécutifs.
Fin des frais d’itinérance en Union européenne
Depuis le 15 juin 2017 – et après huit ans de négociations – les opérateurs téléphoniques en Union européenne ne peuvent plus faire payer à leurs clients un surcoût lorsqu’ils utilisent leur téléphone à l’étranger – ce qu’on appelle les frais d’itinérance, ou de roaming. Voilà pour la version courte.
La réalité est un peu plus complexe. Les titulaires d’un forfait illimité en appels et SMS ne payent effectivement plus de frais supplémentaires pour faire de même depuis un pays de l’UE. En revanche, les données mobiles pourront, elles, être limitées à un certain nombre de gigaoctets, même lorsqu’elles sont illimitées dans le pays d’origine. Plus étonnant : appeler vers un pays étranger depuis son pays d’origine pourra être surfacturé, si l’option n’est pas incluse dans le forfait.
Cette fin des frais d’itinérance concerne les 28 pays de l’Union européenne, Royaume-Uni inclus. Certains opérateurs ont étendu l’offre à des pays hors de l’Union. C’est le cas de Free, qui propose la fin du roaming pour 35 pays.
Amazon rachète Whole Foods
13,7 milliards de dollars. C’est le montant qu’a dépensé Amazon pour racheter le 16 juin 2017 la chaîne américaine de bio haut de gamme Whole Foods, qui compte 460 magasins aux Etats-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. C’est le plus gros rachat de la firme fondée par Jeff Bezos mais il s’agit surtout d’un tournant dans l’histoire de l‘entreprise. Amazon, ennemi numéro un des libraires indépendants, géant du commerce électronique, se lance dans la vente physique. A l’annonce de ce rachat, les principaux concurrents de Whole Foods se sont effondrés en Bourse. Comme Walmart, leader de la grande distribution américaine, qui a perdu 5,4% à la Bourse de New York.
Les assistants personnels à la mode
Y’aura-t-il beaucoup de petits cylindres parlant sous le sapin cette année ? Très populaires aux Etats-Unis depuis plus d’un an, les assistants personnels tardent à traverser l’Atlantique. En France, seul Google Home a été lancé, en grandes pompes, le 3 août 2017. Il permet d’avoir accès à l’assistant Google, déjà présent dans les appareils Android, mais aussi de lancer de la musique, de contrôler sa télévision connectée ou de régler son thermostat – à conditions d’utiliser les marques partenaires.
Premier sur le marché, l’Echo d’Amazon continue de faire un tabac aux Etats-Unis mais on attend toujours son arrivée dans l’Hexagone. L’entreprise Apple a, elle, pris du retard. Initialement prévu pour décembre 2017, son HomePod ne devrait sortir que début 2018, dans un premier temps aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Australie. Microsoft, de son côté, a décidé de s’associer à la marque d’appareils audio Harman Kardon en mai 2017 pour lancer Invoke, une enceinte intelligente qui embarque son assistant personnel, Cortana. Elle est encore inédite en France.
Lancement de l’iPhone X
C’est une… évolution. Le 12 septembre 2017, au nouveau Steve Jobs Theater de Cupertino, Apple a fêté le dixième anniversaire de l’iPhone en sortant un nouveau modèle. Présenté aux côtés de l’iPhone 8, l’iPhone X a lancé la mode des smartphones sans bord. Mais la seule véritable nouveauté de ce téléphone – hormis son prix, de 1 159 euros en France pour la version à 64Go – est le Face ID.
Plus complexe (et plus sécurisée ?) que les systèmes de reconnaissance faciale de ses concurrents, cette fonctionnalité s’appuie sur la technologie TrueDepth, qui permet à la caméra de projeter plus de 30 000 points infrarouges sur le visage du propriétaire pour en faire ensuite un rendu en 3D. A terme, Apple prévoit de remplacer complètement Touch ID par Face ID, qui pourrait également servir à d’autres fonctions, comme le paiement mobile, par exemple.
Très vite après la sortie de l’iPhone X, beaucoup se sont amusés à tromper Face ID, avec des masques, des barbes ou des frères jumeaux. En décembre, le South China Morning Post a raconté la mésaventure d’une jeune femme originaire de Nanjing, qui s’est rendue compte que le visage de sa collègue déverrouillait son iPhone X.
Les géants du web devant le Congrès américain
Une fois n’est pas coutume, Facebook, Twitter et Google se sont fait taper sur les doigts. Convoqués par le Sénat américain et la Chambre des représentants, les trois géants du web ont envoyé leurs responsables juridiques pour affronter les parlementaires le 31 octobre 2017.
Le Congrès leur a reproché un manque de réactivité face aux « fake news » et aux ingérences russes dans la présidentielle de 2016. Facebook s’est engagé à doubler le nombre de salariés chargés de la sécurité, rapporte Les Echos, mais seul Twitter a promis de refuser les publicités payées en roubles. Surtout, aucune des trois firmes n’a accepté de soutenir le projet de loi « Honest Ads Act », qui prévoit de soumettre les publicités politiques aux mêmes règles de transparence que les médias. En décembre, Facebook a fait le ménage en supprimant plus de 140 comptes, selon Le Monde, mais l’entreprise de Mark Zuckerberg reste très discrète sur les critères retenus.
Le Chinois Tencent détrône Facebook et prend part à Snapchat
Les prochains Gafam seront-ils tous Chinois ? Le 21 novembre 2017, Tencent est devenu la première entreprise chinoise à dépasser les 500 milliards de dollars en Bourse. Le géant des réseaux sociaux et des jeux vidéo s’est ainsi hissé à la cinquième place des entreprises high tech les mieux valorisées en Bourse, dépassant Facebook. Quelques jours plus tôt, l’entreprise a racheté 12% des parts de Snapchat dans l’optique d’y créer une plateforme de jeux. En décembre, Tencent a même annoncé un partenariat avec Spotify, le leader du streaming musical.
Le boom du bitcoin
Les crypto-monnaies sont très loin de remplacer les monnaies traditionnelles – si tant est que cela arrive un jour. Mais la plus connue, le bitcoin, a vécu son moment de gloire en fin d’année 2017. En quatre mois le cours du bitcoin a été multiplié par cinq, dépassant les 20 000 dollars. Cette envolée a été stoppée le 20 décembre 2017 par la faillite de Youbit, une plateforme d’échanges sud-coréenne qui avait été piratée, après quoi le bitcoin a stagné autour des 15 000 dollars jusqu’à la fin de l’année. La question que tout le monde se pose : le bitcoin n’est-il pas une bulle prête à exploser à tout moment ?
Les Etats-Unis abrogent la neutralité du Net
Les défenseurs des libertés numériques se sont battus, mais ils ont échoué. Ajit Pai, président de Commission fédérale des communications (FCC), nommé en janvier 2017 par Donald Trump, a enterré la neutralité du Net. Ce principe permet à n’importe qui, quelles que soient ses ressources, d’accéder entièrement à un réseau sous les mêmes conditions que son voisin, sans discrimination.
Pour ses défenseurs, il s’agit d’un principe fondateur d’Internet. Un grand débat avait d’ailleurs eu lieu aux Etats-Unis en 2015, lorsque Barack Obama était au pouvoir, et avait mené la FCC à inscrire ce principe comme « bien public ». Mais l’arrivée d’Ajit Pai, ancien avocat de l’entreprise de télécom Verizon et adversaire notoire de la neutralité du Net a tout renversé. Si ce principe ne semble pas être inquiété en Europe, certains, comme le site Numerama, ont imaginé ce que pourrait donner l’utilisation du web en France s’il était bafoué.