Vie de couple au sénégal :Le malaise devient profond !

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Il ne se passe pas une semaine sans qu’un cas de violence conjugale n’ait été noté, aussi bien chez les Sénégalais résidents dans le pays que chez ceux qui vivent à l’étranger.

Ce dimanche par exemple, pendant que le monde entier célébrait la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, un Sénégalais poignardait son épouse devant ses enfants en Espagne.

Un fait qui survient après d’autres nombreux cas tout aussi douloureux comme l’assassinat aux Maristes de Khadim Ndiaye par son épouse Aïda Mbacké.

Des cas qui rendent compte d’un malaise abyssal dans les couples qui se forment pourtant, chaque jour dans nos quartiers et villages, comme si de rien n’était.

Pourtant, les divorces sont fréquents : En 2013, l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) avait dénombré 126.286 cas de divorce, dont la majorité des cas concernent les femmes avec 96.049, contre 30.236 chez des hommes.

Les divorces sont plus nombreux dans la région de Dakar (2,5%) suivie par les régions de Matam et de Saint-Louis avec 1,5% chacune.

La région de Sédhiou, avec 0,5%, enregistre la plus faible proportion de personnes divorcées, suivie de Kédougou et de Kaffrine avec 0,7% chacune, et Fatick.

On peut d’ailleurs se demander si ces statistiques sont vraiment fiables tant les divorces sont nombreux. Et malheureusement, ils sont nombreux les conjoints qui pensent qu’au lieu de divorcer, il faut exercer une forme de violence (morale ou physique) sur le partenaire pour assouvir je ne sais quel besoin de vengeance.

Aujourd’hui, la violence au sein des couples tend à devenir une exception sénégalaise.

Le constat fait est un manque total de préparation des partenaires à la vie de couple avec les responsabilités qui les attendent.

Les conjoints n’assistent pas à la formation du mariage dans les couples de musulmans. Les débats et autres préparatifs se font sans eux.

En somme, il n’y a personne pour leur donner une idée sur ce qui les attend. La femme bénéficie, quant à elle, d’un léger privilège parce qu’au moment de partir chez le mari, il y a le plus souvent une courte cérémonie où des conseils lui sont donnés. Mais c’est manifestement insuffisant.

Dans l’élaboration de nos programmes scolaires, surtout au niveau secondaire et universitaire, il serait intéressant que des modules sur la vie de couple soient intégrés. A quoi servirait en effet l’éducation si elle ne prépare pas les jeunes à la vie d’adulte ? On peut apprendre tout sur l’histoire, la géographie, la physique, la philosophie, etc., mais cela n’aide pas à être un bon mari ou une bonne épouse.

Il est tant que notre système éducatif soit adapté à nos besoins d’emploi, mais aussi de sociabilité.

En clair, nous savons que les jeunes veulent réussir leurs vies de couple, mais ils ne savent pas comment.

Certes, il n’y a pas de recettes magiques pour réussir son couple, mais laisser le terrain aux télénovélas et à WhatsApp n’arrange pas les choses.

Les jeunes développent de plus en plus un esprit d’indépendance et de liberté qui est souvent en porte à faux avec les charges quotidiennes d’un couple et les obligations afférentes.

Si l’on y ajoute les difficultés économiques, la malhonnête des tiers qui proposent des services plus attrayants, la mauvaise foi de l’entourage, toutes ces théories sur l’émancipation de la femme, la dominance de l’homme, l’infidélité des uns et des autres, le clash sera toujours au rendez-vous.

Qui plus est, nous vivons dans une société qui a divorcé depuis longtemps avec le respect de la parole donnée, l’honnêteté, le sérieux dans les engagements, la franchise, etc.

La fourberie est érigée en sport national. L’escroquerie et l’abus de confiance sont devenus les délits les plus jugés en Correctionnel. Le maitre-mot aujourd’hui est de ne faire confiance à personne au risque de se mordre les doigts.

Dans ces conditions, comment avoir des couples stables s’il y a le risque réel de se faire gruger ?

Il faut le reconnaitre, c’est la méfiance entre les individus, partant, entre partenaires. C’est méfiance née de suspicions entretenues par des manœuvres de toutes sortes, y compris mystiques, alimentent la violence physique mais surtout morale.

Et tout cela n’est pas près de changer. Inutile de se voiler la face.

Assane Samb

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