Tunisie: Kaïs Saïed, l’ascension fulgurante d’un novice en politique

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Kaïs Saïed a remporté l’élection présidentielle face à Nabil Karoui selon des chiffres non définitifs, 72% contre 28%. Hors système, hors parti, le juriste de 61 ans devient le deuxième président du pays élu démocratiquement au suffrage universel. Sa prestation de serment est prévue le 30 octobre.

Avec 72% des suffrages selon des chiffres non définitifs, c’est un score sans appel qui amène Kaïs Saïed à Carthage. Président, il garde la main sur la diplomatie et la défense pour lesquelles il devrait soumettre des noms de ministres.

Porté par la jeunesse dont il veut faire une force démocratique nouvelle, Kaïs Saïed a plaidé pour un retour du pouvoir au peuple. Son ascension fulgurante vient confirmer le rejet du système et de la classe gouvernante depuis 2011. Les électeurs sont venus appuyer l’acte 2 de la révolution en se servant des urnes, 8 ans après la révolution dans la rue.

Remodeler le paysage politique

Il entend donner, par des assemblées locales, une gouvernance inversée qui ferait du terrain un lieu démocratique de force de propositions, au détriment du Parlement. Pour ce faire, il devrait modifier la Constitution en obtenant le soutien d’une partie du Parlement.

Devenu le nouveau visage d’une Tunisie en pleine transition démocratique, ce nationaliste arabe musulman entend remodeler le paysage politique en misant sur une démocratie participative inédite. Novice en politique, il est désormais l’image de la Tunisie à l’international.

Sans parti, sans expérience du pouvoir Kaïs Saïed est un homme politique atypique. Spécialiste de droit constitutionnel, il s’est fait connaitre du grand public en commentant les premiers pas de la démocratie tunisienne, sur les plateaux de télévision.

Considéré comme intègre et droit, il habite un quartier de la classe moyenne et est surnommé Robocop en raison de sa diction saccadée et de son visage impassible. Ses étudiants le décrivent comme un homme austère, mais toujours disponible et à l’écoute.

Un conservateur sans programme

Il le dit lui-même, il n’a pas de programme, mais prône une décentralisation radicale du pouvoir et a promis de renforcer le rôle social de l’État. Favorable à la peine de mort, opposé à l’égalité homme-femme en matière d’héritage, ces positions conservatrices lui ont valu d’être accusé d’intégrisme.

Mais ses partisans soulignent qu’il n’y a pas de référence religieuse dans ses discours. Il s’est d’ailleurs voulu rassurant, peu après le premier tour, indiquant qu’il ne ferait pas marche arrière sur les acquis en matière de liberté et de droits des femmes.

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