Sénégal: Karim, le faux fugitif

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En réponse aux questions de France 24 sur la situation du pays, notamment pour ce qui concerne le cas Karim Wade, le Président Sall  n’a pas fait dans la dentelle : ‘’La loi est claire. Il a été condamné à six ans de prison avec des amendes. Il a bénéficié d’une grâce de ma part pour la partie détention.

Les peines pécuniaires sont à recouvrer. A défaut de recouvrement, c’est la contrainte par corps. S’il choisit de revenir, c’est son droit. On ne peut pas le lui empêcher. Il est libre, il est Sénégalais. Le reste, c’est une question de droit qui s’appliquera bien sûr. »

Une menace à peine voilée qui signifie que, dès son retour,Karim va retourner en prison dans le cadre d’une procédure de contrainte par corps.

Exactement les mêmes propos tenus par le Ministre de la Justice Ismaël MadiorFall. Comme quoi, l’Exécutif s’est fait une idée de la démarche à suivre dans le cadre de l’Affaire Karim Wade :L’empêcher coûte que coûte de rentrer au pays.

Bien entendu, nous nous permettrons de poser les mêmes questions que celles posées au Ministre. SI Karim n’a été gracié que pour le côté peine et s’il lui reste encore à payer une ardoise salée de 113 milliards de FCFA, pourquoi avoir organisé son exil au Qatar ?

En somme, Macky parle de cette affaire comme si Karim avait organisé sa fuite au Qatar. On dira qu’il parle d’un fugitif.

Or, tout le monde sait que son départ a été organisé en présence de son avocat, de Me Madické Niang, du fils du Khalife général des Mourides d’alors, du Directeur de l’administration pénitentiaire, du Directeur de la prison de Rebeuss et du Procureur de Qatar.

Il est parti sur la base d’un protocole qu’un proche de Mackym’a assuré avoir vu. Il y est bien stipulé qu’il sera de retour en 2021.

Donc, les propos de Macky à France 24 sonnent comme une tentative de la part de l’Etat de s’inscrire dans une forme de légalité dans cette affaire alors qu’il n’en est rien.

Car si Karim doit tant d’argent au trésor public sénégalais, et non à MackySall (la nuance est importante), le fait pour les autorités étatiques d’avoir organisé son exil ou sa fuite au Qatar serait alors une forme de complicité. Logiquement, doit-on laisser partir quelqu’un qui doit autant d’argent ?

Or, ce qui est sûr, c’est que Karim n’avait pas pris la fuite. Il y a eu grâce et il aurait été emmené de force au Qatar sous l’onction des plus hautes autorités de ce pays.

C’est un faux fugitif car son départ a été organisé en haut lieu, avec la confession précipitée et nuitamment de son passeport.

Donc, la réalité est plus simple que les explications du Président. La voici : Macky ne veut pas du retour de Karim annoncé ce mois de novembre à la faveur de l’Internationale libérale et il est en train de mettre en garde qui de droit pour que ce ‘’forcing’’ n’ait pas lieu.

En clair, il exige que les termes du protocole soient respectés jusqu’au bout par tous ceux qui avaient participé à son élaboration, y compris les Wade eux-mêmes qui ne sont pas exempts de reproches dans cette affaire.

A défaut, il reviendra sur son intention de libérer le fils de l’ancien Président et devra se résoudre à le remettre en prison. Voilà la vérité.

Notre conviction est que le recouvrement des montants avancés ne préoccupe guère les tenants du régime actuel. Leur souci, c’est de l’empêcher d’être candidat et surtout d’éviter qu’il ne soit sur le terrain pour une quelconque manœuvre politique.

Macky veut continuer à tenir en respect aussi bien Karim Wade que Khalifa Sall. Et sa communication sur France 24 a été une vaste opération de manipulation destinée à préparer l’opinion nationale et internationale sur le fait que le bras de fer contre Karim Wade et son père va s’intensifier si jamais il devrait remettre les pieds au pays avant 2021.

Assane Samb

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