Pétrole et gaz : comment le Sénégal prépare sa révolution en douceur

Sans fracas ni euphorie, le Sénégal installe peu à peu son empreinte dans le paysage énergétique ouest-africain. Les chiffres sont désormais tangibles. Près de trois millions de barils de pétrole exportés chaque mois, une production annuelle attendue à plus de 30 millions de barils en 2025. Une cadence maîtrisée, loin des emballements initiaux, mais suffisamment soutenue pour marquer un virage.

Plus au large, le projet GTA, mené avec la Mauritanie, commence à produire ses premiers effets. Ce partenariat transfrontalier autour du gaz naturel liquéfié offre au Sénégal une double opportunité ; renforcer sa crédibilité technique et accélérer son positionnement comme fournisseur stratégique pour une Afrique de l’Ouest toujours sous tension énergétique. Le GNL n’est pas seulement une ressource, mais un outil de projection géoéconomique.

Ce tournant énergétique ne se fait pourtant pas dans l’improvisation. La stratégie sénégalaise, encore prudente, évite les écueils de la dépendance aux revenus extractifs tout en intégrant les impératifs de souveraineté, de sécurité des approvisionnements et de création de valeur locale. Un équilibre difficile dans une conjoncture mondiale où les hydrocarbures restent à la fois indispensables et suspects.

Reste à savoir si cette montée en puissance contrôlée sera accompagnée de mécanismes rigoureux de gouvernance. Car produire ne suffit pas. Il faudra gérer avec transparence, redistribuer avec équité et investir avec vision. Le pétrole et le gaz ne sont pas des fins en soi, mais des leviers. Le Sénégal semble l’avoir compris. À lui de transformer cette promesse en transformation durable.

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