Fils d’un sportif sénégalais, Formé à Sciences Po : Tout sur Philippe Diallo, nouveau boss du foot français

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Propulsé par intérim à la tête de la Fédération française de football (FFF), Philippe Diallo (59 ans) est un acteur de l’ombre à la notoriété limitée, fin connaisseur des acteurs et arcanes du football depuis trois décennies, décrit comme brillant et consensuel par ceux qui l’ont côtoyé.
 
Méconnu du grand public, Diallo a dirigé durant près de trente ans (de 1992 à 2021) l’Union des clubs professionnels de football (UCPF), syndicat patronal, et a joué notamment un rôle important dans les réformes des transferts de joueurs, en faisant preuve d’habileté politique.
 
Ce natif de Saint-Nazaire, fils d’un champion de boxe sénégalais, fait son entrée à la « 3F » en rejoignant la liste de Noël Le Graët lors de la réélection du dirigeant breton en mars 2021.
 
Trésorier général au sein du comité exécutif (Comex) de la fédération, il grimpe dans l’organigramme en devenant vice-président délégué en décembre 2021 quand Brigitte Henriques prend la tête du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). La présidence par intérim lui revient en janvier 2023 après la mise en retrait de Le Graët.
 
Il s’agit d’un « coup de bol incroyable » d’avoir Diallo comme vice-président à ce moment-là, confie une source proche de la FFF, mettant en avant la « limpidité » et « l’intelligence » d’un personnage « qui travaille très bien dans l’ombre ».
 
« C’est un homme structuré, intelligent, posé, consensuel, un homme de dossiers. Il coche vraiment beaucoup de cases, sauf celle de la notoriété », résume Éric Borghini, membre du Comex depuis 2011.
 
Juge unique à la Fifa
Ce technocrate diplômé en droit public et droit des affaires, passé par Sciences Po Paris, possède une expérience internationale en tant que juge unique à la chambre de résolutions des litiges de la Fifa depuis 2003. Depuis 2013, il est à la tête du Conseil social du mouvement sportif (Cosmos), une organisation patronale regroupant plusieurs milliers de structures – clubs, ligues, organisateurs d’événements, etc.
 
Signe de son influence en coulisses, le nom de Diallo est revenu à plusieurs reprises dans la presse comme possible président de la Ligue de football professionnel (LFP), notamment en 2016 au moment d’élire le successeur de Frédéric Thiriez. Sans que cet homme discret, qui ne court pas la presse, fasse officiellement acte de candidature.
 
« Il est très fin politiquement », salue une source proche du mouvement sportif, qui lui reconnaît « une connaissance des dossiers peu égalée » et « une compréhension très juste des rouages politiques ». Tout en soulignant « son extrême discrétion, voire son caractère solitaire, qui peuvent être perçus comme un défaut ».
 
Pour Frédéric Jaillant, ancien journaliste et chargé de la communication de la LFP sous la présidence Thiriez, Diallo est « l’une des personnalités les moins connues du football français mais sans doute l’une des plus puissantes et des plus influentes. Il est à la fois pragmatique et politique ».
 
« Ce sera un anti-Le Graët dans la communication, ajoute-t-il. Son truc, ce ne sont pas les grandes phrases qui vont diviser le monde du football. Il s’exprimera peu et, quand il le fera, ce sera quand il aura quelque chose à dire. »
 
« Ambitieux »
Ces derniers mois, le vice-président délégué s’était attaché à déminer les nombreuses polémiques entourant la fédération, annonçant par exemple une réflexion pour créer un fonds d’indemnisation des victimes d’accidents du travail sur les chantiers du Mondial au Qatar.
 
Le voilà désormais en première ligne, avec un intérim prolongé jusqu’à l’Assemblée fédérale de juin, voire jusqu’en décembre 2024. Pourra-t-il s’enraciner dans la fonction de numéro un ?
 
Il est « très malin », « c’est un serpent qui attend son heure depuis des mois », persiffle une source au sein de la fédération. « Mais il n’a aucun relais et ne pourra pas rester, c’est un vrai technocrate davantage taillé pour le poste de directeur général. »
 
À l’inverse, Frédéric Jaillant n’imagine pas le costume de président trop large pour cet homme « ambitieux de par sa formation et son background ».
 
« Il n’est pas très connu du grand public. Mais s’il reste dix-huit mois à la tête de la fédération, on ne le déloge plus. Et c’est la crainte de certains », glisse Borghini en référence à ses potentiels concurrents.

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