Femme noire, peau dépigmentée
Ce qui crève les yeux, matraque les esprits dans le pays du défunt poète Léopold Senghor, c’est la prolifération d’annonces incitatives et intensives de produits éclaircissants. Ces campagnes passent volontairement avant la diffusion des séries télévisées ou au moment des intermèdes. Ces horaires préférés ne sont pas fortuits, c’est le moment choisi pour capter l’attention de bon nombre de téléspectateurs qui sont scotchés à leurs programmes favoris. Ces séries sont aussi le prolongement des publicités, puisque la majorité des actrices se sont métamorphosées du fait de l’utilisation des tubes de xessal. A y regarder de près, c’est comme si le casting pour figurer parmi les artistes se fait uniquement sur la base de la blancheur de la peau. Il faut être de teint clair pour entrer dans ce cercle très convoité. Aujourd’hui, il est difficile de croiser sur son chemin une femme noire, pratiquement toutes nos sœurs sont devenues blanches, la noirceur est devenue quasiment rare.
Mode ou astuce de beauté ? Beaucoup d’entre elles servent le prétexte peu convaincant qu’elles le font pour séduire leurs conjoints, d’autres encore croient que c’est la voie accélérée pour trouver un mari. En tout cas, la violence avec laquelle ces produits agissent sur la peau pour accélérer la dépigmentation, nous pousse à nous interroger sur les conséquences désastreuses générées par son usage.
A la lumière de ce qui précède, il revient à l’Etat la charge d’assurer la protection de sa population, parce qu’il s’agit là d’un véritable problème de santé publique. Le Ministère de la santé doit jouer pleinement son rôle en amont comme en aval. Dès lors, il advient de contrôler tous ces produits éclaircissants avant qu’ils ne soient commercialisés. Et par ricochet il faut retirer du marché tous les tubes néfastes pour endiguer leur circulation. Voilà autant de mesures qui me semblent appropriées, si nous voulons préserver notre jeunesse des maladies de la peau. Au-delà de l’aspect sanitaire, le xessal est aussi devenu un fait de société. Ces pratiques ne demeurent pas que l’exclusivité des femmes, certains hommes aussi sont entrain dans la danse, pour montrer une aisance apparente. Tous ces faits corroborés concourent inévitablement à chasser le naturel tout en plongeant la société sénégalaise dans la fiction incarnée par l’artificiel et les effets spéciaux. Tout est montage, rien n’est naturel finalement. La beauté ne s’exprime plus à son état brut voire originel, elle est plutôt subordonnée aux cheveux humains montés, aux crèmes éclaircissantes, aux poses ongles ou hanches ou tout autre subterfuge, bref à tout ce que l’illusion offre de plus sophistiquée. Les personnes qui se dépigmentent la peau ne souffrent-telles pas d’une pathologie qui cache un complexe nourri? Ne détruit-elle pas plus qu’elle n’embellit?
Ces interrogations doivent assaillir chaque esprit, avant de se lancer aveuglément dans des pratiques aux conséquences dévastatrices.
Vivement pour la promotion de la beauté naturelle dans toute sa splendeur, car la femme africaine particulièrement sénégalaise est bien favorisée par la nature. Elle possède des atouts plus que convaincants pour détrôner n’importe quelle autre race