Faux billet: Les larmes de Ngaaka et les 50 millions de l’Etat

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Ngaaka Blindé, les larmes à la barre,

Ngaaka blindé et son co prévenu Khadim Thiam peuvent pousser un ouf de soulagement, en attendant la décision qui sera rendue le 27 décembre prochain par le tribunal correctionnel. En effet, ils ont obtenu la mise en liberté provisoire sur demande de leurs avocats. Ils ont comparu, hier, à la barre de cette juridiction pour contrefaçon de billets de banque, altération de signes monétaires d’un montant de plus de 5 millions de nos francs.

Le rappeur Ngaaka Blindé et son co-prévenu Khadim Ndiaye ont gagné la première bataille judiciaire. Jugés, hier, à la barre du tribunal correctionnel de Dakar pour faux monnayage, ils ont obtenu la liberté provisoire en attendant la décision qui sera rendu le 27 décembre prochain. S’agissant du procès, c’est un peu après 9 heures que le rappeur est apparu dans la salle. Auparavant, un de ses avocats, en l’occurrence Me Barro, avait souligné au tribunal que leur client n’avait pas été extrait. C’est sur ces entrefaites que le juge Maguette Diop a ordonné son extraction pour sa comparution. Poursuivi pour contrefaçon de billets de banque, altération de signes monétaires d’un montant de plus de 5 millions de nos francs, Baba Ndiaye alias « Ngaaka Blindé » a craqué à la barre en versant des larmes. Ce, suite à la déclaration de l’agent judiciaire de l’Etat qui soutient que c’est une dame qui s’était présentée au commissariat des Parcelles assainies pour dire aux limiers que le rappeur lui aurait donné un faux billet de banque. Sur ces entrefaites, Ngaaka, avec une voix tremblotante, a lancé : « les paroles tenues par cette dame m’ont fait très mal parce qu’à cause d’elle, ceux qui avaient cru que les faux billets de banque étaient pour tournage du clip, ont commencé à avoir des doutes sur mon innocence. Et je vous assure que je ne connais pas cette dame ». Revenant sur les circonstances de son arrestation, il explique : « j’ai fait un son de 3 minutes 19 secondes intitulé « Argent, maison, ma femme et maman.  La musique avait plu à tout le staff et on avait décidé de faire le clip. Ensemble, on avait discuté du synopsis et, du coup, on avait besoin de quelques faux billets de banque. Il faut dire que ce clip devait être touré finalement le 19 décembre à Saly (Mbour). Ce, après un premier report. C’est même l’artiste comédien Sanekh qui devait jouer le rôle du père ».

 

Ngaaka : « Je ne savais pas qu’on demandait une autorisation pour faire les clips »

Poursuivant sa narration des faits, il a ajouté: « on avait fait le faux monnayage avec des feuilles blanches. Ce n’était pas de vrais faux billets de banque. Et lorsque Khadim Thiam m’a remis l’enveloppe contenant les billets, je l’ai posée sur le tableau de bord. Pour dire que je ne pensais pas que c’était une infraction ». Le juge a rappelé au mis en cause qu’il a été interpellé à Diamalaye et qu’il souhaiterait avoir des éclaircissements par rapport à cela. « J’avais loué un appartement à la cité Mixta pour rencontrer les figurants pour le tournage du clip. Je devais retourner à Guédiawaye avec quelques amis pour prendre une chemise, une montre et le chicha. Je ne sais même pas qui a informé les policiers car ces derniers se sont dirigés directement vers l’enveloppe. Lorsque j’ai été arrêté, j’ai dit à ma mère qu’on allait me relâcher immédiatement, mais la nouvelle s’est propagée dans le monde comme une trainée de poudre », a-t-il expliqué. Avant d’enchaîner : « j’ai fait plus de 10 vidéos et je n’ai jamais demandé d’autorisation. Je l’ai fait une seule fois, car je devais tourner un clip à la plage Malibu de Golf. Je ne savais pas qu’on demandait une autorisation pour faire les clips ».

Quant à son co-prévenu Khadim Thiam, il a aussi nié les faits. Agé seulement de 28 ans, il a déclaré à la barre : « je suis un étudiant en Master à la faculté des Sciences économiques et de Gestion (Faseg). J’habite à Guédiawaye, de même que Baba Ndiaye et je fais partie de son label. Pour les faits, Ngaaka voulait une simulation de billets de banque dans son clip. Il m’a dit puisque j’avais une imprimante, je devais lui en faire des copies. J’ai imprimé les billets et j’ai fait des photocopies en couleur ». Il ajoute : « Dans le clip, une fille devait être couverte de billets de banque dans une baignoire, raison pour laquelle la dame qui a accusé Baba Ndiaye a changé de version en soutenant ne plus se souvenir de la personne qui lui avait donné le faux billet, et c’était en présence de Ngaaka Blindé ».

 

L’Etat du Sénégal réclame 50 millions à titre de dommages et intérêts

Cités en qualité de témoins dans cette affaire qui continue d’alimenter les débats, Idrissa Sèye, Talla Guèye, Awa Ndiaye et Cheikh Sarr, appelés à la barre, ont tour à tour lavé à grande eau les prévenus. Ce, en confirmant leurs déclarations à la barre et lors de l’enquête préliminaire. Invité à défendre les intérêts de l’Etat du Sénégal, Cheikhna Hann, agent judiciaire de l’Etat a réclamé 50 millions de nos francs à titre de dommages et intérêts. « Je défends les intérêts du Sénégal, l’économie sénégalaise. On prend trop à la légère les dangers qui guettent le pays en matière de faux monnayage. Lequel est grave, surtout dans un pays pauvre comme le nôtre. Le Sénégal est en train de sombrer à cause de ce fléau », a déclaré l’agent judiciaire de l’État, selon qui cette affaire doit être élucidée. Pour sa part, le représentant du maître des poursuites, Pape Ismaïla Diallo, a surpris plus d’un. En effet, tout le monde pensait qu’il allait requérir à charge contre les mis en cause. Mais, il a pris la parole pour demander au juge Maguette Diop et à ses assesseurs d’appliquer la loi dans cette affaire. Pour terminer, les avocats de la défense ont plaidé la relaxe pure et simple de leurs clients. A les croire, ils n’ont jamais eu l’intention de commettre un délit et ces faux billets étaient simplement destinés au tournage d’un clip. Après avoir écouté toutes les parties, le juge a mis l’affaire en délibéré pour jugement devant être rendu le 27 décembre prochain. Ainsi, les avocats de la défense ont-ils plaidé et obtenu la mise en liberté provisoire de leurs clients. Pour mémoire, le rappeur a été arrêté par les éléments de la police des Parcelles Assainies. Selon nos informations, c’est avant l’aube que les hommes du commissaire Aliou Bâ, qui avaient déjà des infos sur les agissements de la bande, sont entrés en action à bord d’un véhicule. Suite à une fouille des mis en cause, ils tombent sur un sac contenant l’équivalent de 5 millions 730 mille francs Cfa en fausses coupures de 10 000 et de 5000 francs Cfa. La police ne s’en arrêtera pas là. Dans le cadre de l’enquête ouverte, elle effectue une perquisition au domicile de l’un des mis en cause. Un ordinateur portable et une imprimante seront saisis par les enquêteurs qui sont aussi tombés sur d’autres faux billets pour 630 mille francs Cfa.

 

Cheikh Moussa SARR

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