Bonnes volontés: Walf n’est pas une ONG

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Depuis quelques jours, de bonnes volontés se manifestent pour la reprise des activités du groupe Walfadjiri. Le challenge, ici, c’est de tout faire pour perpétuer l’héritage de Sidy lamine Niass qui a réussi la prouesse de maintenir un groupe qui, manifestement, n’est pas solvable, comptablement parlant.

Son frère Ahmed Khalifa Niass s’en est déjà ouvert au Président Macky Sall en lui demandant surtout de le faire pour lui.

Youssou Ndour, un autre magnat de la presse sénégalaise, s’est signalé dans ce sens. Les réflexions se multiplient dans ce sens, étant entendu que Walf est un patrimoine national auquel les Sénégalais tiennent beaucoup et les nombreux travailleurs de ce groupe sont en droit d’attendre de leur Etat une forme de solidarité agissante allant dans le sens de protéger leur outil de travail.

Malheureusement, toutes ces manifestations de volonté ou d’intérêt ne suffisent pas. C’est normal, en période de deuil. Chacun a sa façon d’exprimer sa compassion, sa solidarité, son soutien.

Mais Walf n’est pas une ONG. Et même s’il l’avait été, il aurait fallu respecter certaines règles pour intervenir dans le capital humain, matériel, financier, etc.

C’est une société privée commerciale soumise au droit sénégalais en la matière. Et même si la différenciation était faite entre le patrimoine de Sidy et celui de l’entreprise, il n’en demeure pas moins que nous ne lui connaissons pas d’autres actionnaires. Et que, partant, le patrimoine va tomber entre les mains de ses héritiers avec les limites que l’on sait sur l’actif et le passif.

Sans entrer dans le débat technique, toutes ces bonnes volontés doivent savoir qu’il y a des obstacles juridiques à surmonter, liés à la forme de la société, à son patrimoine, à l’héritage.

Après, il y aura d’autres types d’obstacles d’ordre personnel, liés notamment aux orientations nouvelles qui seront impulsées au groupe.

Bien sûr, la force de Walf, c’est sa raison sociale, sa clientèle, son audimat, ses téléspectateurs, ses lecteurs, son matériel, son patrimoine immobilier et surtout son capital humain. Et tout cela n’est pas rien. Mais, n’importe qui ne peut pas intervenir, interférer.

Le groupe sera-t-il maintenu par la famille ou vendu ? Va-t-il être restructuré ou laissé à l’état ? Autant des questions qui sont des préalables à toute forme d’intervention extérieure.

Certes, il n’y a aucun mal que de bonnes volontés se manifestent déjà, mais il faut savoir que nous sommes, ici, dans le cadre d’une société privée commerciale avec comme objectif premier de faire du profit. Que cette même société assume un rôle primordiale de service public et donc d’intérêt général par la formation, l’éducation et la conscientisation des populations, cela ne fait l’ombre d’aucun doute.

C’est pourquoi, s’agissant des entreprises de presse, l’Etat doit davantage réfléchir à la manière de mettre la main, positivement, pour leur assurer une réelle vitalité.

Malheureusement, aujourd’hui, la presse se porte mal et les journalistes encore pire. Les entreprises de presse ne sont pas solvables, investir dans le secteur est un suicide économique et les journalistes se clochardisent de plus en plus en étant parfois obligés de se mettre au garde-à-vous pour survivre.

Or, le caractère très sensible de la mission d’intérêt général, assumé quotidiennement par la presse, nécessite qu’une bonne partie des ressources publiques soient allouée à leur fonctionnement.

Ce que Walf est en train de vivre, d’autres organes de presse l’ont déjà connu : L’Actuel, la LCS, etc. Pendant ce temps, des médias publics comme l’Aps voient leurs personnels entrer en rébellion pour des questions existentielles.

C’est cela qui est regrettable. Car, la démocratie ne saurait rayonner sans une presse digne de ce nom.

Assane Samb

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