Congo-Brazzaville : la dette, unique réalisation de tout l’argent du pétrole, estime l’opposition

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Pour le chef de file de l’opposition au Congo-Brazzaville, les négociations en cours avec le Fonds monétaire international (FMI) sur l’aide financière peuvent connaître une issue heureuse. À condition, nuance Pascal Tsaty-Mabiala, que la gouvernance soit améliorée.

Pascal Tsaty-Mabiala a animé ce lundi 21 janvier une conférence de presse à Pointe-Noire. C’est quasiment la première rencontre avec la presse dans la capitale économique congolaise depuis la présidentielle de 2016 remportée par Denis Sassou-Nguesso.

En brossant le tableau du pays, le secrétaire général de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS, principal parti de l’opposition) a mis l’accent sur le volet économique. Une économie qui suffoque, parce qu‘étranglée par une forte dette de plus de 9 milliards de dollars représentant au moins 110% du PIB.

Or, avant la crise économique, le Congo-Brazzaville comme bien de pays ayant enclavé l‘économie dans les industries extractives, a connu presque une période faste (exemple, plus de 5% de croissance économique en 2011) du fait de la hausse des cours du brut (plus de 114 dollars en mars 2011).

Si des partisans du régime font souvent état des « grands travaux » (infrastructures dont le stade de Kintelé, au nord de Brazzaville), Tsaty-Mabiala dit avoir du mal à comprendre cette forte dette. « Bien sûr, chaque pays s’endette, mais avec les ressources que nous avons engrangées, on aurait limité nos engagements extérieurs ce qui n’a pas été fait. Au point où nous nous posons la question de savoir ce qu’on a fait avec l’argent du pétrole puisque ce qui a été fait finalement, c’est la dette. C’est une question à laquelle le pouvoir n’a jamais répondu », a-t-il déploré.

La guerre contre les fossoyeurs de l‘économie congolaise

Sassou-Nguesso et son équipe sont en négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) afin de recevoir une aide financière. Et pour convaincre l’institution de Bretton Woods, Brazzaville multiplie des politiques d’assainissement des finances publiques.

Dans cette optique, le chef de l‘État avait récemment promis de mettre en place une Haute autorité anticorruption qui ne devrait épargner « ni menu fretin ni gros poisson ». L’initiative est cependant loin de convaincre l’opposition. « Nous avons des doutes quelle soit plus efficace que celle qui existe parce que telle qu’elle est conçue, elle n’est pas indépendante », a ajouté M. Tsaty-Mabiala.

Outre des questions d’atteinte à la surêté de l‘État ayant valu de lourdes peines de prison à des proches de Sassou (Mokoko, 20 ans), plusieurs autres barrons du régime ont des démêlés avec la justice pour des questions économiques, à l’instar de Jean Didier Elongo. Natif du Nord comme le président Sassou, cet économiste a occupé le prestigieux poste de directeur général du contrôle des marchés publics. Mis aux arrêts l’année dernière, Jean Didier Elongo devrait être jugé lors de la session criminelle en cours pour entre autres, détournement des fonds publics.

Mais, cette offensive contre des fossoyeurs présumés des finances de l‘État et bien d’autres mesures restent jusqu’ici insuffisantes pour convaincre totalement le FMI qui estime que le Congo devrait d’abord s’accorder avec ses créanciers dont la Chine qui détient 35 % de la dette du pays.

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