Chine: Xi Jinping devient président à vie pour réaliser son « rêve chinois

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koumpeu.com–L’annonce discrète ce week-end par l’agence Xinhua d’un projet de réforme de la Constitution mettant fin à la limite des deux mandats du président de la République populaire de Chine, confirme l’analyse prédominante après le 19e Congrès du Parti communiste chinois, en octobre dernier : Xi Jinping ne quittera pas le pouvoir en 2023 comme il aurait dû le faire s’il avait respecté la « doctrine Deng » de gouvernance. 
La date de cette référence est essentielle : quatre ans après la mort de Mao Zedong, au lendemain de l’élimination de la « bande des quatre » et des aventures politiques. Deng Xiaoping voulait doter le Parti communiste chinois de règles de gouvernance qui éviteraient le pouvoir personnel, le culte de la personnalité, les dirigeants à vie qui risqueraient de retomber dans les travers catastrophiques du « Grand Timonier ».

Les préceptes de Deng ont bien fonctionné jusqu’ici, avec des directions collégiales, une limitation à deux mandats de cinq ans, et une relative modestie au sommet qui tranchait avec le statut de Dieu vivant de Mao. Jusqu’à l’arrivée à la tête du Parti de Xi Jinping, en 2012, qui a opéré une rupture.

L’annonce discrète ce week-end par l’agence Xinhua d’un projet de réforme de la Constitution mettant fin à la limite des deux mandats du président de la République populaire de Chine, confirme l’analyse prédominante après le 19e Congrès du Parti communiste chinois, en octobre dernier : Xi Jinping ne quittera pas le pouvoir en 2023 comme il aurait dû le faire s’il avait respecté la « doctrine Deng » de gouvernance.

 

Un Parti-Etat

Xi Jinping est bel et bien le dirigeant chinois aux pouvoirs les plus étendus depuis Mao, à un moment où la Chine est elle-même plus puissante qu’elle ne l’a été depuis des siècles. Les pays occidentaux ont à peine pris la mesure de cet homme de 64 ans qui sera au cœur de la vie internationale pour encore très longtemps, avec un pouvoir absolu sans égal, pas même dans la Russie de Vladimir Poutine…

Tous les observateurs avaient relevé qu’au 19e Congrès, aucun successeur n’avait été désigné pour remplacer Xi Jinping à l’issue de son second mandat, comme Xi lui-même l’avait été à mi-parcours de la présidence Hu Jintao. Mais le suspense avait été maintenu sur le changement de règle, et de nombreux commentateurs estimaient que l’incertitude serait maintenue jusqu’au bout.

Si Xi Jinping a précipité les événements, au point de changer la Constitution, c’est pour envoyer un double message :

– D’abord celui de sa force personnelle, qui ne trouve plus, au sein du Parti communiste, la moindre résistance à une évolution qui ne plaît pourtant pas à tout le monde. La lutte anticorruption a éliminé des dirigeants corrompus mais aussi les rivaux potentiels…

– Ensuite sur la primauté du Parti sur l’Etat, et la fin du projet, un temps envisagé par Deng Xiaoping et ses successeurs, de séparer le Parti et l’Etat. Aujourd’hui, c’est clair, la Chine est dotée d’un « Parti-Etat » qui le restera, et c’est le PCC qui est au « poste de commandement ».

Le pouvoir de Xi Jinping devrait être conforté lors de la session annuelle des deux Chambres du Parlement, la semaine prochaine, qui devrait voir des hommes du clan du Président accéder à plusieurs postes clé.

On attend en particulier de voir si Wang Qishan, le « moine communiste »comme on le surnomme en raison de son ascétisme, ex-responsable de la lutte anti-corruption dans la période écoulée, est nommé vice-président, chargé des relations internationales, en particulier du dossier coréen et des relations avec Washington. Il est le véritable bras droit de Xi Jinping et sa nomination en ferait un duo redoutablement puissant.

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