Afrique:Les Libériens aux urnes pour élire le successeur d’Ellen Johnson Sirleaf

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Les Libériens se rendent aux urnes ce mardi 10 octobre pour choisir le successeur d’Ellen Johnson Sirleaf, première femme à présider un Etat africain depuis les indépendances, à la tête du pays pendant douze ans. Ils élisent aussi leur Chambre des représentants. Un double scrutin aux enjeux multiples et à l’issue, pour l’instant, incertaine.

Le rendez-vous est historique. Sur le plan symbolique, « la présidente Ellen Johnson Sirleaf, qui a dirigé le pays pendant douze ans, n’a pas cherché à tripatouiller la Constitution, comme c’est le cas dans certains pays sur le continent. Elle a respecté le jeu démocratique et elle a décidé de se retirer après ses deux mandats », souligne Maurice Mahounon, docteur en sciences politiques et spécialiste du Liberia.

Pour la première fois depuis 73 ans, la passation de pouvoir se fera entre deux gouvernements élus démocratiquement. C’est aussi la première fois que le Liberia organise seul les élections. Le scrutin se déroule sous la protection exclusive des nouvelles forces de police du pays. En 2005 et 2011, il avait été appuyé par les Nations unies. Ces élections constituent donc un test pour la démocratie libérienne, quatorze ans après la guerre civile qui a ensanglanté le pays.

Ellen Sirleaf Johnson, prix Nobel de la paix, avait effectivement récupéré le pays dans un état lamentable. Son arrivée au pouvoir, en 2005, avait suscité un réel enthousiasme et s’était accompagnée de promesses.

« Le combat contre la corruption sera mon cheval de bataille. Mon gouvernement va minutieusement gérer les ressources de ce pays. Elles devront être utilisées pour le développement de notre nation et le bien-être de ses citoyens », avait par exemple déclaré la présidente à l’époque. Cependant, la corruption reste endémique au Liberia. Avec cet échec, la présidente sortante laisse un vaste chantier à son successeur.

Scrutin qui s’annonce serré

Vingt candidats sont dans les starting-blocks. L’un d’eux est particulièrement sous le feu des projecteurs : il s’agit du sénateur George Weah, « Mister George », ancienne star de football et seul Africain à avoir remporté le Ballon d’or en 1995. Il s’était déjà présenté à la présidentielle de 2005 et à la vice-présidence en 2011… sans succès. Aujourd’hui, il y a actuellement une véritable ferveur autour de lui. Ses atouts sont nombreux.

« C’est lui qui représente le plus les autochtones, explique Maurine Mahounon. N’oubliez pas que ce pays a été qu’on le veuille ou non victime d’une sorte d’apartheid. Les Afro-américains qui représentent 1% de la population ont passé tout leur temps à dicter leur loi à la majorité. George Weah est, quant à lui, un pur produit libérien. L’autre chose à noter, c’est qu’il est issu du ghetto. Une bonne partie des Libériens se retrouvent en lui » .

Mais la bataille n’est pas encore gagnée. Il ne faut pas perdre de vue que sa colistière, Jewel Howard-Taylor, est l’ex-femme de Charles Taylor, ancien président du Liberia, reconnu coupable de crimes contre l’humanité, ce qui peut desservir Georges Weah.

Enfin, d’autres candidats ont aussi leurs chances comme Joseph Boakai, qui se présente comme l’héritier naturel de la présidente sortante. Lui non plus n’est pas issu de l’élite américano-libérienne. L’homme d’affaires Alexander Cummings promet, lui, de s’attaquer à la corruption. Le scrutin s’annonce donc serré.

 

 

Par  RFI

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