Quand Guy Marius Sagna fait la promo du parlement de la Cedeao

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« Qui a appauvri l’Afrique ? Ce sont nos présidents ! ». Guy Marius Sagna, député sénégalais et militant anti-impérialiste, a chauffé la dernière session du parlement de la Cedeao, à Abuja. Les images de l’altercation, le 21 juillet, entre lui et la deuxième vice-présidente ivoirienne du Parlement de l’organisation sous-régionale, ont fait le tour de la toile. Fustigé pour ses « excès verbaux », lui dénonce une volonté de le museler : « Je n’ai pas besoin d’être soutenu par le bureau du parlement, ma seule préoccupation, le panafricanisme ». Il s’agit donc d’un « petit » incident pour le « roc » sénégalais qui aurait déjà fait l’objet de près de 30 gardes-à-vue et séjourné à plus de dix reprises en prison, dans son propre pays, avant d’obtenir une immunité parlementaire.
 
Au contraire, pour beaucoup d’observateurs, M. Sagna a tout simplement réussi à sortir de la clandestinité le parlement de la Cedeao qui était, jusqu’ici, ignoré dans son existence. Il a fait la promotion de cette institution censée contrôler l’action commune d’intégration des États ouest-africains. 
 
Dans ses différentes interventions musclées, il a tiré sur tout en pointant, entre autres, les atteintes liberticides dans des pays comme la République de Guinée, la Guinée Bissau, le Togo, le Bénin, la Côte d’Ivoire ; la nécessité d’une solidarité souveraine de la Cedeao; les privilèges indus que s’octroient le Parlement et les institutions de l’organisation alors que les populations sont jetées dans la misère ; les donneurs de leçons sur les « droits de l’homme » d’Ong financées par les impérialistes qui dénoncent « la paille dans l’œil des Africains ».
 
C’est donc une suite logique. En effet, après avoir réussi à bloquer à plusieurs reprises les travaux à l’Assemblée nationale sénégalaise, dont il est même parvenu à arracher l’urne lors de l’installation de la 14e Législature, Guy internationalise son combat, son jeu.
 
Car il reste incontestablement le député qui a produit le plus de questions écrites adressées au gouvernement du défunt régime comme à celui de l’actuel. Ce qui fait de lui un représentant du peuple. Sans surprise pour ce travailleur social à la trajectoire éclectique. Il a tellement mis ses combats en avant qu’on a fini à oublier qu’il a derrière lui sa petite famille. 
 
Du collectif « Non aux APE » au contre-sommet de la Francophonie en 2014, en passant par le mouvement patriotique « Moom Sa Reew », Guy Marius a pris part à presque tous les grands combats citoyens depuis 2012. Ses grandes causes : la justice sociale et l’anti-impérialisme. « Je ne suis pas contre la France, mais contre l’impérialisme français », a tenu à préciser un jour Guy face à une journaliste française.
 
Mais pour savoir d’où vient cette fibre du combat, il faut sans doute remonter à 2005. Salarié au PCCI, centre d’appels en vogue des années 2000, il est limogé pour avoir voulu mettre sur pied un syndicat des travailleurs. Ensuite, en 2013, assistant social affecté à Sédhiou, il s’insurge contre le vol des ressources de l’hôpital par la direction. Il en avise les administrateurs, sans suite, et organise une conférence de presse pour dénoncer les faits. Il en fait les frais. Ceux qu’ils dénonçaient ne furent pas sanctionnés. Lui fut muté à Dakar et jeté dans un « petit bureau où il n’y avait ni eau ni électricité », selon ses témoignages. Cela ne fera que raffermir son engagement. L’année précédente, il s’était fait arrêter à Tambacounda lors d’une marche de soutien à des enseignants grévistes. Depuis, on l’a vu sur plusieurs fronts dont les plus en vue sont ceux contre « l’impérialisme français ».
 
En 2017, l’activiste avait effectué un tour de chauffe en dirigeant la campagne de « Ndawi Askan Wi, » la coalition alors emmenée par Ousmane Sonko. Tous deux reliés par leurs attaches casamançaises et par la tonalité radicale de leurs discours, Sagna et Sonko constitueront donc, avec Barthélémy Dias, un trio de nature à créer des étincelles dans le landerneau politique sénégalais. Le travailleur social passé d’agent de la Fonction publique à agent à la mairie de Dakar est entré à l’hémicycle de l’Assemblée nationale sous les couleurs de Pastef à l’issue des Législatives de juillet 2022. Lui est peut-être sûr d’être reconduit sur les listes en cas de dissolution très probable de l’actuel parlement…

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