L’Afrique noire, ou les richesses délaissées
Malgré d’abondantes richesses naturelles, souvent en haute teneur minérale, les pays africains en voie de développement sont tombés en disgrâce auprès des investisseurs miniers qui leur préfèrent des régions plus « sûres ». Cette mise à l’écart des courants commerciaux peut être, certes, l’occasion d’un « autre développement ». Elle peut aussi contribuer à l’extension de la misère.
Quand les incertitudes nées de la pauvreté engendrent davantage de pauvreté…
L’AFRIQUE subsaharienne a peu de choses à offrir au monde extérieur. Elle ne réussit plus à se nourrir, et ses cultures d’exportation doivent en général affronter des productions concurrentes et des substituts plus compétitifs. Son industrialisation par substitution des importations s’arrête à un stade embryonnaire, gênée par l’étroitesse des marchés locaux et l’afflux des biens importés. Elle n’offre pas non plus un marché d’une grande importance globale, puisqu’elle n’absorbe qu’environ 3 % des exportations des pays de l’O.C.D.E. Le mouvement de délocalisation industrielle ne la touche pratiquement pas, les coûts du travail industriel se trouvant, à productivité égale, plus élevés qu’en Asie ou en Afrique du Nord. Enfin, bien que dotée de ressources énergétiques, elle ne dispose pas de réserves exceptionnelles comparables à celles du Proche-Orient ou du Mexique, qui polariseraient, dans les circonstances actuelles, les convoitises extérieures. Les matières premières minérales constituent l’exception, et il s’agit d’une tradition plusieurs fois millénaire, l’Afrique ayant joué depuis des temps immémoriaux le rôle de réserve pour des civilisations qui se sont développées plus au nord.
De fait, le continent est riche en ressources minérales. La part de l’Afrique en voie de développement dans la production mondiale de matières premières, énergétiques et non énergétiques, est de l’ordre de 10 % alors qu’elle n’assume que 0,5 % environ de la production mondiale de produits manufacturés. Mais elle recèle bien plus de 10 % des réserves mondiales des principaux minerais (voir le tableau ci-contre), car ces réserves sont sous-exploitées.
L’Afrique reste d’ailleurs mal connue du point de vue géologique et minier ; sans doute parce que vaste, peu peuplée, et avec de nombreuses régions difficiles d’accès, elle n’a fait l’objet de travaux d’exploration à grande échelle (estimation du contenu des gisements, études de faisabilité) (…)
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