Violences xénophobes en Afrique du Sud : la riposte s’organise
Les récentes violences xénophobes qui agitent l’Afrique du Sud ont suscité une levée de boucliers de pays africains qui digèrent mal cette autre poussée de fièvre contre les ressortissants étrangers.
En première ligne, le Nigeria. Depuis la journée de ce mardi, des actes de vandalisme ont été enregistrés au Nigeria contre des entreprises sud-africaines. Parmi les plus visées, le géant de la télécommunication, MTN, ainsi que le distributeur de chaînes télévisées, DSTV. Des supermarchés appartenant à des Sud-Africains ont également été pris pour cible, notamment dans la localité de Lekki, dans l’Etat de Lagos. Mais des appels se font entendre, rappelant que ces entreprises emploient également des Nigérians.
En Zambie, la riposte s’annonce plus pacifiste. Un groupe de citoyens engagés a décidé d’organiser une marche de protestation devant les locaux de l’ambassade sud-africaine à Lusaka, la capitale zambienne. Prévue le 4 septembre, cette marche « n’est en aucun cas pour causer des dommages, mais simplement pour communiquer nos préoccupations et nos observations », ajoute le communiqué du mouvement qui reste en attente de l’autorisation des autorités zambiennes.
Depuis dimanche, des scènes de violence ont éclaté dans la région de Johannesburg, a annoncé mardi la police, qui a fait état de 189 arrestations et indiqué avoir déployé des renforts dans les points chauds de la capitale économique. Déjà cinq personnes ont été tuées dans ces émeutes xénophobes.
L’unité africaine compromise
Mardi après-midi, le président sud-africain a pris la parole pour “condamner dans les termes les plus forts” ces violences xénophobes. “Les attaques visant des commerçants étrangers sont totalement inacceptables”, a-t-il insisté dans une vidéo postée sur Twitter, “je veux que cela cesse immédiatement”. “Il ne peut y avoir aucune justification pour qu’un Sud-Africain s’en prenne à des gens d’autres pays”, a insisté le président de la “nation arc-en-ciel” rêvée par son prédécesseur et mentor, Nelson Mandela.
Son homologue nigérian, Muhammadu Buhari, s’est voulu tout autant ferme. Il a non seulement diligenté une mission en Afrique du Sud – qui devrait arriver au plus jeudi – et prévu que des « mesures décisives » seraient prises contre l’Afrique du Sud pour répondre à cette nouvelle vague de violences xénophobes. « Les attaques perpétuelles contre les ressortissants nigérians et leurs intérêts économiques en Afrique du Sud sont inacceptables », a ajouté le communiqué du gouvernement nigérian.
En effet, les antécédents entre l’Afrique du Sud et le Nigeria sur cette question restent vivaces. En 2017, le ton était monté entre les deux plus grandes économies d’Afrique au plus fort de violences contre des migrants africains à Rosettenville, un quartier situé au sud de Johannesburg. Abuja avait alors prévenu Pretoria de « terribles conséquences » et sollicité l’intervention de l’Union africaine dans ce dossier.
Ce mardi, l’Union africaine a d’ailleurs encouragé le gouvernement sud-africain à protéger les vies et les intérêts des migrants africains. L’UA s’est engagée à aider à remédier aux “causes profondes qui ont conduit à ces actes ignobles”, assure un communiqué signé du président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat. Un engagement probablement attendu alors que l’Afrique est engagée dans la concrétisation de la Zone de libre-échange continental, un marché commun géant pour lequel le Nigeria avait tardé à s’engager.