Une prime pour les policiers ayant tué des suspects approuvée à Rio de Janeiro

Ses détracteurs la surnomment la « prime du Far-West ». Elle stipule que des agents peuvent gagner une prime de 10 % à 150 % de leur salaire « lors de la saisie d’armes de gros calibre ou de situations qui entraînent la neutralisation de criminels », rapporte notre correspondante à Rio de Janeiro, Sarah Cozzolino.

« L’assemblée a approuvé une loi stupide, absurde, inhumaine, cruelle, coûteuse et inefficace », s’insurge le député fédéral de gauche Henrique Vieira, élu de Rio de Janeiro. Un véritable « permis de tuer » pour la police de Rio de Janeiro, comptée parmi les plus meurtrières du pays, selon le député.

À Rio, les interventions policières musclées sont fréquentes, finissant souvent en bains de sang, notamment dans les favelas, quartiers pauvres et densément peuplés vivant souvent sous le joug de narcotrafiquants. La prime a été incluse dans un projet de loi de réforme de la police civile, chargée surtout des enquêtes, contrairement à la police militaire, au rôle plus répressif.

« Ce type de politique encourage les exécutions »

Cette mesure avait déjà été appliquée entre 1995 et 1998, avant d’être annulée en raison de l’augmentation du nombre de morts lors d’« opérations policières ». La majorité des victimes étaient « des jeunes hommes noirs, habitants des favelas (les favelados), rappelle Raul Santiago sur son compte Instagram. Ce type de politique encourage les exécutions, et considère comme inférieure la vie des jeunes de la périphérie, des enfants des favelas comme moi » écrit-il.

Une mesure qui suscite un tollé chez les défenseurs des droits de l’Homme. Face à l’assemblée, Renata Souza, député de l’État de Rio, défend une autre politique. « M. le président, nous disposons de près de 13 millions pour la sécurité publique de l’état de Rio de Janeiro, mais l’investissement en intelligence, information et expertise est inférieur à 1 % ».

Pour entrer en vigueur, le texte approuvé mardi soir à une large majorité doit encore être promulgué – sous 15 jours – par le gouverneur Claudio Castro, allié de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro.

Mais deux jours après son approbation, le Ministère public fédéral brésilien a d’ores et déjà alerté le gouverneur de Rio de son inconstitutionnalité, a révélé la radio brésilienne CBN jeudi 25 septembre.

Deux décès par jour

Pour entrer en vigueur, le texte approuvé mardi soir à une large majorité doit encore être promulgué – sous 15 jours – par le gouverneur Claudio Castro, allié de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro.

En 2024, 703 personnes sont mortes lors d’interventions policières dans l’État de Rio, soit près de deux par jour, selon les chiffres officiels. Ce total représente néanmoins une chute de 19 % par rapport à 2023 (871).

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