Terrorisme : si les pays du Sahel ne travaillent pas ensemble le G5 ne servira à rien
Le Sahel est complètement devenu une région à hauts risques avec les attaques djihadistes de plus en plus fréquentes et de plus en plus meurtrières dans les pays de la région. Dans une interview accordée à DW, l’expert, Paul Melly, consultant auprès du programme Afrique à Chatham House, apporte sa vision sur la situation dans cette partie de l’Afrique.
Selon Melly, tant que les différentes armées des pays concernés de la région, ne coordonnent pas leurs actions, le combat contre le terrorisme est presque perdu d’avance. Il prend pour exemple la dernière attaque en date au Mali cette semaine, où plusieurs djihadistes ont été tués alors qu’ils avaient attaqué des soldats qui menaient une opération conjointe avec l’armée nigérienne. Selon lui, c’est de cette cohésion qu’ont besoin les différentes forces nationales des pays du Sahel.
« C’est la troisième fois en quelques semaines que des dizaines de soldats maliens sont tués. Ce qui est différent cette fois cependant, c’est que l’attaque a eu lieu au milieu d’une opération de l’armée malienne et nigérienne travaillant ensemble pour lutter contre les djihadistes. Et la preuve est qu’un grand nombre des assaillants ont également été tués et les forces nigériennes auraient en fait capturé environ 100 des assaillants. La situation est donc légèrement différente de celle des attaques précédentes dans lesquelles l’armée malienne était simplement tombée dans une embuscade avant de pouvoir se repousser », a indiqué l’expert.
Le G5 Sahel
Cependant, Paul Melly a noté un autre point important dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Selon lui, même avec ses 5000 hommes, la force multinationale du G5 Sahel est presqu’insignifiant devant le vaste territoire à couvrir. « C’est une immense région. Vous parlez de distances de centaines, voire de milliers de kilomètres. 5 000 soldats de la force commune du G5 qui opèrent dans les zones frontalières représentent un nombre relativement restreint de personnes. Même si vous ajoutez ensuite les autres détachements des armées du Sahel et de l’armée française avec 4 500 hommes, il reste encore un nombre relativement faible de soldats à engager des opérations pour tenter de combattre les djihadistes », souligne-t-il.
Des actions
Pour tenter de résoudre un conflit qui semble incontrôlable malgré les moyens déjà déployés, plusieurs alternatives ont été proposées. Les chefs d’Etats africains, réunis à Dakar au Sénégal dans le cadre d’un sommet sur la paix et la sécurité, ont indiqué que la première action à mener est d’arriver à stabiliser la Libye en résolvant la crise qui la secoue. Aussi, le développement de la région est une alternative proposée par les pays africains du Sahel. Mais tout cela pourrait être mené autrement selon Paul Melly, et surtout, le consultant revient sur l’aspect coopération accrue.
« Eh bien, tout le monde convient qu’il est important de compléter l’effort militaire par des dépenses et des programmes de développement. Mais, bien sûr, il est très difficile de mettre cela en pratique s’il y a tant de violence. L’un des problèmes est que les groupes armés peuvent parfois prendre pour cibles des fonctionnaires, des enseignants, des administrateurs, etc. L’autre dimension, qui est vraiment nécessaire, est une coopération accrue entre les armées nationales des pays sahéliens. Ils le font déjà dans une certaine mesure avec la force interarmées, mais il faut évidemment le renforcer », a déclaré Paul Melly à DW.