Soudan : première manifestation pendant la transition
Au Soudan, des milliers de personnes ont manifesté jeudi devant le palais présidentiel à Khartoum, pour réclamer entre autres que justice soit faite au profit des manifestants tués depuis décembre.
C’est la toute première manifestation depuis la mise en place au début de ce mois d’un Conseil souverain après la signature le 17 août d’un accord historique entre le Conseil militaire de transition, qui avait succédé à Omar el-Béchir destitué en avril dernier et les leaders de la contestation.
En dépit de barrages policiers, de nombreux Soudanais se sont dirigés vers le palais présidentiel de Khartoum. Mais la police a pu les disperser par le jet des gaz lacrymogènes, d’après des témoins.
Ils sont venus réclamer la nomination de nouveaux responsables au sein de l’appareil judiciaire du pays. Mais aussi des poursuites judiciaires contre les forces de sécurité accusées d’homicides lors des manifestations contre Béchir et contre le conseil militaire qui lui avait succédé.
« Oui à un pouvoir judiciaire indépendant », pouvait-on entendre au sein de la foule. « Sang pour sang, nous n’accepterons pas d’argent du sang », a scandé la foule, répétant un slogan utilisé pour la première fois lors des manifestations contre Béchir.
Et ces « martyrs » ont droit à la justice. « Nous demandons que justice soit rendue pour les martyrs et que ceux qui les ont tués soient traduits en justice », a déclaré une jeune organisatrice de la manifestation.
En juin, le conseil militaire a limogé le procureur général Awaleed Sayed Ahmed Mahmoud et nommé un remplaçant par intérim.
Première épreuve pour la transition ?
Cette décision était tombée peu après que Mahmoud eut annoncé son intention d’enquêter sur le meurtre de dizaines de personnes au plus tôt à l’heure du 3 juin, lorsque les forces de sécurité avaient autorisé un sit-in devant le ministère de la Défense.
Les autorités ont reconnu 87 morts suite aux violences de ce jour-là, mais les groupes de protestation ont fait près de 130 morts.
La justice pour ces morts et autres meurtres lors de la répression des manifestations anti-Bachir a été une demande clé des parties civiles qui ont négocié l’accord de partage du pouvoir.
Après l’accord, un conseil conjoint militaro-civil a été formé, suivi d’un gouvernement de technocrates assermentés cette semaine.
Mais la gestion des manifestations de ce jeudi pourrait constituer une première épreuve du Conseil souverain.