Sierra Leone : les auteurs de viol vont risquer la prison à vie
Les auteurs de viol en Sierra Leone pourront désormais être condamnés à la prison à vie, selon un texte adopté jeudi par le Parlement d’un pays confronté à grande échelle aux violences sexuelles, notamment contre les enfants.
Après plusieurs heures de débats, les députés ont approuvé un texte amendant la législation existante et infligeant aux auteurs de viol des condamnations allant de 15 ans à la prison à vie dans les cas les plus graves.
Ces crimes étaient jusqu’alors punis de 5 à 15 ans de prison. Le texte doit à présent être promulgué par le président.
“Nous faisons des lois pour la postérité”, a déclaré l’un des chefs de la majorité parlementaire, Matthew Nyuma.
La fréquence des violences sexuelles est telle dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui compte parmi les plus pauvres de la planète que les militants y dénoncent l’existence d’une “culture du viol”.
En février, le président Julius Maada Bio était allé jusqu‘à décréter une “urgence nationale” après que le nombre des cas de violence sexuelle eut doublé en un an, selon la police.
Le Parlement avait révoqué en juin cet état d’urgence supposé manifester la détermination de l’Etat mais difficilement applicable et par ailleurs critiqué comme dissimulant un subterfuge pour museler l’opposition politique.
Les lois de 2012 étaient largement apparues comme insuffisantes.
La police sierra-léonaise a dénombré plus de 8.500 cas de violences sexuelles en 2018, le double de l’année précédente, pour une population d’environ 7,5 millions.
Selon les statistiques de la police, environ un tiers des victimes de viol sont des mineurs. L’ONG spécialisée Rainbo Initiative évoque des proportions de mineures bien plus considérables. Parmi les victimes figurent des bébés.
Des dizaines de jeunes femmes tombent enceintes chaque mois à la suite d’un viol et certaines contractent le virus du sida, dit Rainbo Initiative. Elle décrit une société dominée par les hommes et des violences “systémiques” infligées aux femmes et aux filles.
Le nombre d’affaires débouchant sur des condamnations est notoirement dérisoire, en raison de la pression sociale, de l’absence de moyens scientifiques pour établir les preuves ou du coût des procédures pour les plaignants, disent les militants.
AFP