Sénégal: Le règne de la culture de la violence

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koumpeu.com–Les universités publiques s’embrasent’’, c’est le titre qui fait la Une de nombreux sites d’informations au Sénégal et à travers le monde. Ce n’est pas du tout exagéré quand on sait que sur 5 universités publiques, 4 (Saint-Louis, Dakar, Bambey et Ziguinchor) ont connu des situations graves de tension. On nous apprend d’ailleurs qu’au cours de la journée d’hier, les étudiants de Thiès ont aussi rejoint le mouvement général de ras-le-bol de leurs camarades.

Une situation qui a été constatée ce 15 mai suite à l’UGB, suite au retard enregistré dans le payement des bourses, mais surtout après qu’ils eurent constaté la mort d’un des leurs, en l’occurrence Mouhamadou Fallou Sène.

Il est aussi à regretter qu’au cours de ces manifestations, au moins 15 éléments des forces de sécurité ont été blessés et de lourds dégâts matériels enregistrés.

Le Président Sall, le Ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, les associations de droits de l’homme, la classe politique et la Nation toute entière, ‘’regrettent’’ la mort de ce jeune de 25 ans, de surcroit marié et père d’un enfant. Nous nous associons aux condoléances de la Nation et présentons les nôtres à sa famille et à tout le monde universitaire.

Cependant, on ne peut pas dire que ce n’était pas prévisible. Il y a seulement quelques jours, nous écrivions dans cette chronique, que ‘’le Sénégal recule en matière de droits de l’homme et de libertés publiques’’. Nous dénoncions évidemment l’excès de zèle des forces de défense et de sécurité face à des manifestants qui, le plus souvent, ne présentent pas un gros danger.

Néanmoins, nous ne pouvons absoudre leur employeur, en l’occurrence l’Etat,incarné ici par l’Exécutif. Car la récurrence avec laquelle il y a mort d’homme dans des manifestations importantes pose la problématique de l’identification du donneur d’ordre.

Nous ne pouvons pas toujours tout mettre sur le dos de ces forces dont certains étaient encore étudiants il y a quelques années. Il n’est pas impossible et c’est même fort probable que cette démarche obéit à une stratégie de maintien de l’ordre bénie en haut lieu.

Si c’est le cas, et seulement le cas, il est important que nos autorités sachent raison garder et revoient cette façon de faire qui a débuté au temps de la gestion des libéraux. A ce moment-là, des manifestants à Sangalkam, Kayar, Dakar, Kédougou, et dans d’autres localités, ont été tués par balle.

Si ce n’est pas le cas et que les bavures relèvent seulement de l’excès de zèle des forces de l’ordre, il faudra (et c’est facile) identifier les responsables et les punir. C’est ce que semble promettre le Chef de l’Etat. Cependant, certaines questions géantes restent sans réponses ?

Pourquoi des balles réelles pour maintenir l’ordre dans une université?Pourquoi souvent viser la tête des personnes abattues ? Pourquoi rares sont les enquêtes qui aboutissent ? La réponse à ces questions pourra nous édifier sur les vrais responsablesd’une tuerie qui n’a que trop duré.

 

Régler les problèmes par la violence

Au demeurant, la violence dans notre pays ne vient pas seulement de l’Etat et des forces de sécurité. Les populations ont la fâcheuse tendance à croire que les problèmes ne se règlent que par la violence. Même ceux qui, à longueur de journée, manifestent sur les plateaux de télévision pour exiger des droits, parlent avec violence et évoquent souvent la mort si jamais leurs revendications ne sont pas satisfaites.On y prend pas garde, mais s’instaure de plus en plus, dans notre pays, une culture de la violence. Les gens deviennent agressifs et provocateurs. Ceux qui tuent des enfants par exemple ne sont pas des forces de l’ordre. Chacun joue à se faire peur pour défendre des intérêts. Les débats publics contradictoires, surtout quand il s’agit de politique, sont empreints de violence verbale avec des mots regrettables. Dans ces conditions, on doit s’attendre que cela dégénère un jour ou l’autre.

Si les étudiants pensent qu’il faut régler les problèmes par les biceps, ils seront des dirigeants violents comme on en voit et des policiers ou gendarmes intolérants. C’est un cercle vicieux.

C’est pourquoi il urge de travailler à instaurer une culture du dialogue et de la tolérance qui faisait du Sénégal un exemple dans la sous-région. Et c’est par l’école et l’université qu’il faudra commencer. Car c’est par la tête que le poisson pourrie.

Assane Samb

rewmi

Koumpeu.com

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