Sénégal: La CREI et l’OFNAC censées lutter contre la corruption, en état d’agonie clinique

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C’est une lapalissade que de dire que la Crei et l’Ofnac sont à l’état de mort clinique – Il ne reste au pouvoir qu’à prononcer leur oraison funèbre

Pour plus de transparence dans l’action et de cohérence entre sa théorie et sa pratique, le gouvernement devrait signer l’acte de décès du dispositif anti-corruption tant chanté à l’aube de la seconde alternance. «Crei pour les autres, Ofnac pour nous» était, en effet, le refrain des nouvelles autorités sur fond de «gouvernance sobre et vertueuse».

Six ans après, ce disque semble passé de mode. En effet, après la vraie fausse promotion de Mme Aminata Touré, théoricienne de la traque des biens mal acquis, passée de Garde des Sceaux à Premier ministre, son remplacement par un des avocats de Bibo Bourgi, le limogeage -en pleine audience s’il vous plaît- du Procureur spécial Alioune Ndao et la mise «sous le coude» de certains dossiers, il ne reste plus au médecin Macky qu’à parapher le certificat de genre de mort pour permettre une inhumation, dans la dignité, de la CREI.

On ne sait plus à quand remonte le dernier acte de procédure posé par la Cour de répression de l’enrichissement illicite. Si nos informations sont exactes, c’est le dossier d’Abdoulaye Baldé qui s’empoussière sur la table de ce qui, en 2012, était la terreur des délinquants à col blanc. Entre temps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Hormis les coups d’éclat du début et une condamnation retentissante de Karim Wade et compagnie à une peine ferme de 6 ans de prison assortie d’une peine pécuniaire de 138 milliards à verser dans les caisses de l’Etat dont on se questionne encore sur l’état d’exécution, la CREI n’aura fait que brasser du vent et rouler à vide.

Donnant ainsi de solides arguments à tous ceux qui ont pensé et pensent encore que la CREI n’est rien d’autre que la Cour de répression de Karim Wade et de certains lampistes identifiés comme ses co-auteurs dans la commission de l’infraction. Par un jeu croisé d’application des dispositions du Code de procédure pénale et du Code électoral, le ministère de l’Intérieur en est arrivé à la conclusion que le fils de Wade ne pouvait être, vu sa condamnation, inscrit sur les listes électorales. Donc, de facto et de jure, non éligible. Si ce n’était le résultat recherché, cela y ressemble fort.

Ce sort réservé à la CREI, version Macky, ne dépare en rien de celui qu’avait connu la CREI sauce Diouf. Créée à ses débuts pour, officiellement, lutter contre la corruption des élites, la juridiction d’exception qui souffrait déjà d’une malformation n’aura eu à instruire que quelques «petits» dossiers, à condamner des hommes de paille, laissant de côté les gros délinquants, ceux qui ont pillé l’Oncad, se sont servis à la louche avec le fameux Compte K2, etc.

Officieusement, elle avait pour but de tenir à carreau les anciens senghoristes qui lorgnaient encore le fauteuil cédé à Abdou Diouf, intronisé président de la République par la vertu de l’article 35, au grand malheur de certains mohicans de l’UPS-PS, devenus hommes à abattre…justement par la CREI

Malheureusement, cette dernière ne sera pas la seule au cimetière des institutions dédiées à la lutte contre la corruption. Elle devrait, en effet, partager son caveau avec l’OFNAC, maintenu en vie artificielle par un semblant d’existence. A quoi sert l’OFNAC si ses recommandations ne sont suivies d’aucun effet ? Quelle est la pertinence de son maintien dans l’architecture institutionnelle si ses enquêteurs qui ont l’outrecuidance d’enquêter sur des «dossiers signalés» sont tout simplement limogés ? On s’excite à l’idée d’en avoir un jour les réponses.

Depuis le départ de Nafi Ngom Keïta, c’est peu de dire que la structure se morfond dans une profonde torpeur. Bien malin celui qui saura citer le dernier rapport produit par l’OFNAC.

Le sort réservé à Mme Keïta, congédiée avant la fin de son mandat, semble avoir eu la vertu pédagogique de tuer dans l’œuf toute volonté de rouler à contresens des intérêts du pouvoir et de ses affidés. Des intérêts dont la transparence n’est pas forcément la première des qualités.

Ibrahima Anne

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