RDC : Ces menaces qui pourraient peser sur le président Tshisekedi

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Économie aux abois, éradication des violences dans certaines zones, cohabitation avec l’ancien pouvoir,…. Le premier quinquennat de Félix Tshisekedi à la tête de la RDC est loin d‘être une sinécure.

Prise de court par la cour constitutionnelle qui a confirmé samedi la victoire de Félix Tshisekedi à la présidentielle du 30 décembre et par le message de félicitations de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de certains chefs d‘état dont le Burundais Pierre Nkurunziza au nouvel élu, l’Union africaine (UA) a annulé ce dimanche soir la visite de sa délégation à Kinshasa.

Un camouflet pour l’UA qui avait pourtant auparavant demandé à Benoît Lwamba Bindu et ses huit collègues de surseoir la publication définitive des résultats sur lesquels l’organisation panafricaine émettait de « sérieux doutes ».

Voilà qui pourrait doucher les espoirs de Martin Fayulu qui, dans sa requête à la cour constitutionnelle, revendiquait la victoire et dénonçait un « putsch électoral ». Et partant ouvrir grandement à Tshisekedi le boulevard qui mène au majestueux et confortable Palais présidentiel de la Nation.
Le grand combat contre la pauvreté

Mais, de quel pays hérite le nouveau président ? En dépit des infrastructures réalisées dans le cadre des « cinq chantiers » et de « la révolution de la modernité » par Joseph Kabila, grâce essentiellement à un fort taux de croissance économique (en moyenne 4 % depuis 2012) due à une forte activité de l’industrie extractive, la RDC souffre d’un déficit infrastructurel indescriptible, comme en témoigne la route Mbuji-Mayi-Lusambo, intégralement impraticable.

La RDC d’aujourd’hui, c’est aussi ce pays qui se bat contre un fort taux de chômage (plus de 20 %), un très faible PIB par habitant de 466 dollars par jour et une inflation de plus de 6 %. De petites données qui classent la RDC parmi les pays les plus pauvres du monde. Et c’est dans le dessein de vouloir en découdre la pauvreté que Félix Tshisekedi avait postulé pour la magistrature suprême.

« Une fois élu, je ferai de la lutte contre la corruption mon cheval de bataille et dans dix ans, je sortirais le Congo de la pauvreté avec une mobilisation de 86 milliards de dollars », promettait « Fatshi » pendant la campagne électorale.

Mais, l’exécution de ce programme fût-il pertinent et ambitieux passe avant tout par la stabilité politique. Une stabilité qui devrait dépendre des rapports avec l’ancien régime. Si son candidat Emmanuel Ramazani a perdu la présidentielle, le Front commun pour le Congo (FCC), aura grâce à sa majorité à l’Assemblée nationale, le poste de Premier ministre.

L’ancienne majorité présidentielle garde ainsi une influence prépondérante dans la sphère politique en RDC. Ce qui expose Félix Tshisekedi à tous les ennuis dans son règne. Motion de défiance, rejet de projets de loi, …. C’est quasiment un secret de Polichinelle que le président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) risque de ne pas avoir les coudées franches.
Et les violences de l’est ?

Et ce n’est pas tout. Pour avoir dirigé le pays pendant plus de 18 ans, Kabila a la parfaite maîtrise de l’appareil institutionnel du pays. Il sait sur quel bouton appuyer pour faire mettre un croc en jambe à son successeur.

La situation politique en RDC dépend aussi de l‘éradication des violences surtout à l’est où des milices sèment la désolation depuis plus de 20 ans grâce à un soutien logistique et militaire de pays voisins, mais aussi avec la bénédiction de certains cadres politiques nationaux.

Si Kabila ne peut plus jouer à ce jeu, la postérité se rappellera qu’avant de devenir président de la République, il fut officier dans la rébellion de son père soutenu par le Rwanda pour déboulonner Mobutu. Un bouton de plus pour le futur ex-président de RDC.

Tout compte fait, bien que Félix Tshisekedi affiche la très bonne volonté de dialoguer avec tous ses compatriotes et de se comporter comme le président de tous les quelque 80 millions de Congolais, il n’est pas à l’abri de la perfidie de l‘élite politique de son pays. Moins encore du complot de quelques puissances étrangères dont certains de ses puissants voisins.

Comme quoi, ce ne sont pas les machines qui manquent pour à scier la branche sur laquelle le fils du « Sphinx de Limete » est désormais.

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