Présence militaire française en Afrique: une réorganisation qui varie selon les pays

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Emmanuel Macron a défendu lundi devant ses ambassadeurs la réorganisation du dispositif militaire français en Afrique, une réduction drastique des effectifs qui s’effectue de gré ou de force selon les pays.
 
De plusieurs milliers de soldats fin 2021, déployés dans des opérations ou stationnés dans des bases héritées de l’époque coloniale, quelques centaines d’hommes, principalement cantonnés à des missions de formation ou d’appui logistique, seront présents en 2025 sur le continent.
 
« Nous avons proposé aux chefs d’État africains de réorganiser nos présences. Comme on est très polis, on leur a laissé la primauté de l’annonce. Et parfois, il a fallu pousser », a assuré lundi M. Macron.
 
Voici un tour d’horizon de l’évolution récente de la présence militaire française sur le continent :
 
– Burkina, Mali, Niger –
Les militaires français, d’abord accueillis comme des sauveurs au Mali en 2013, ont quitté le pays neuf ans plus tard.
 
L’opération Serval déclenchée en 2013 pour lutter contre les groupes armés jihadistes, devenue ensuite Barkhane, comptera jusqu’à 5.500 hommes répartis sur plusieurs pays sahéliens.
 
Mais deux coups d’Etat au Mali, en 2020 et 2021 installent la junte militaire d’Assimi Goïta au pouvoir qui engage un rapprochement avec Moscou et fait appel à des troupes du groupe paramilitaire russe Wagner.
 
« On est partis parce qu’il y a eu des coups d’État, parce qu’on était là à la demande d’États souverains qui avaient demandé à la France de venir. À partir du moment où il y a eu des coups d’État (…) la France n’y avait plus cette place », a affirmé lundi Emmanuel Macron.
 
En février 2022, face à la dégradation des relations entre Bamako et Paris et l’hostilité de l’opinion au Mali, la France ordonne un retrait de ses 2.400 militaires du Mali, qui sera effectif en août de la même année.
 
Mais au Burkina et au Niger, deux voisins sahéliens du Mali également théâtres de putschs en 2022 et 2023, le départ troupes françaises a été contraint.
 
En janvier 2023, le Burkina a brutalement dénoncé l’accord relatif au statut des forces françaises sur son sol, laissant un mois aux soldats pour quitter le pays.
 
Le Niger a fait de même en dénonçant quelques jours après leur prise de pouvoir en juillet 2023 des accords militaires avec la France, obtenant le départ en décembre de la même année des 1.500 soldats déployés dans la lutte antijihadiste.
 
– Tchad –
Fin novembre le Tchad, qui constituait jusqu’ici le dernier point d’ancrage de Paris au Sahel, renvoie à son tour l’armée française, et met fin à soixante ans de coopération militaire en rompant les accords qui le liaient à la France.
 
Environ un millier de soldats et personnels militaires français y étaient stationnés avant le début des opérations de retrait, dont une majorité sur le camp Kossei dans la capitale tchadienne.
 
La France avait prévu de réduire la voilure dans le cadre de sa réorganisation annoncée mais la dénonciation des accords de défense l’a forcée à accélérer le tempo.
 
Des avions de chasse français ont quitté le Tchad en décembre, ainsi que plus d’une centaine de militaires, et la base historique française de Faya-Largeau a également été rétrocédée à l’armée tchadienne.
 
Les autorités tchadiennes souhaitent que le retrait complet soit effectif fin janvier.
 
– Sénégal –
Fin novembre 2024, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, élu quelques mois plus tôt, a à son tour déclaré que la France allait devoir fermer ses bases militaires au Sénégal, dont la présence est incompatible selon lui avec la souveraineté de son pays.
 
Lors de ses vœux du Nouvel an, il a confirmé « la fin de toutes les présences militaires de pays étrangers au Sénégal, dès 2025 ». Le calendrier précis reste encore à définir.
 
Avant même l’officialisation de ce bon de sortie, les effectifs, de 500 par le passé, étaient tombés en 2024 à un peu plus de 200.
 
– Côte d’Ivoire –
Egalement à l’occasion de ses vœux à la Nation, le président ivoirien Alassane Ouattara a déclaré que « le camp du 43e BIMA, le bataillon d’infanterie de marine de Port-Bouet (une commune d’Abidjan), sera rétrocédé aux forces armées de Côte d’Ivoire dès ce mois de janvier 2025 ».
 
La Côte d’Ivoire reste toutefois un allié de Paris, et le retrait se fait de manière concertée entre les deux pays.
 
Il reste aujourd’hui environ 300 soldats français dans la base de Port-Bouet, contre près d’un millier les années précédentes.
 
En 2025, après la rétrocession de la base, l’effectif devrait descendre à moins de cent hommes, afin de maintenir une capacité d’accueil minimale pour des déploiements futurs, si l’Etat ivoirien en fait la demande.
 
– Gabon –
Malgré le coup d’Etat militaire qui a renversé Ali Bongo à l’été 2023, les relations entre Paris et Libreville restent bonnes.
 
Le retrait des militaires français se fait progressivement: début 2025, il ne reste au Gabon plus que 200 militaires français – contre 400 un an plus tôt. Leur mission est essentiellement de la formation auprès de l’armée gabonaise.
 
Le camp historique de l’armée française à Libreville a été transformé en un pôle de formation mixte.
 
– Djibouti –
Djibouti devrait donc rester la dernière base française en Afrique.
 
Avec près de 1.500 hommes, elle est le plus gros contingent français à l’étranger et les accords militaires qui lient les deux pays ont été renouvelés en juillet 2024.

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