Mark Zuckerberg a perdu 11 milliards d’euros en un seul jour

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De San Francisco à Seattle, la tech américaine inquiète avec des croissances au ralenti et des prévisions peu enthousiasmantes, montrant que les géants d’internet qui semblaient intouchables sont rattrapés par la crise économique et la concurrence de nouveaux acteurs. Parmi eux, Mark Zuckerberg et sa société Meta, durement touchés par une tempête boursière qui dure depuis maintenant quelques mois.
 
“Cette semaine restera dans l’histoire des résultats financiers comme l’une des pires pour les Big Tech, voire même un possible tournant”, a souligné l’analyste Dan Ives de Wedbush Securities. Mercredi soir, Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp, Oculus) subissait déjà une dure sanction, son titre plongeant de 19%, conséquence de bénéfices divisés par deux à 4,4 milliards de dollars, et surtout des propos de Mark Zuckerberg.
 
Le fondateur du groupe californien a insisté lors d’une conférence avec les analystes sur ses priorités, à savoir “les technologies d’intelligence artificielle qui permettent de recommander les reels (vidéos courtes copiées à TikTok, ndlr) aux utilisateurs”, “les outils publicitaires sur les messageries” et “notre vision pour le métavers”. “Ceux qui sont patients et investissent avec nous seront récompensés au final”, a affirmé le dirigeant.
 

Un discours qui n’a cependant pas rassuré les investisseurs. Face à l’annonce des revenus trimestriels peu réjouissants du groupe, les actions de Meta ont connu ce jeudi une des pires chutes de leur histoire, s’effondrant de près de 25%. Le cours de l’action a atteint son point le plus bas depuis décembre 2016. La capitalisation boursière du groupe californien est ainsi descendue à 263 milliards, la valeur nominale d’une action passant de 130,10 euros le 27 octobre à 98,11 euros le 28 octobre. Pour ne pas arranger la situation, la branche de réalité virtuelle de Meta avait déjà perdu 9,4 milliards de dollars cette année en tentant de créer le métavers.

 
Pertes colossales pour Zuckerberg
Cette chute spectaculaire ne fait pas les affaires de Zuckerberg, qui voit son patrimoine fondre de… 11 milliards de dollars en un jour, le patron détenant 13% des parts du réseau social fondé en 2004. Il ne vaut actuellement “plus que” 37,7 milliards de dollars.
 
Ce n’est pas la première fois que Zuckerberg voit son patrimoine être amputé d’une somme colossale, ayant déjà perdu plus de 87 milliards de dollars cette année. Sa fortune s’est ainsi effondrée depuis 2021, totalisant une perte totale de 103 milliards de dollars, soit 70% de la valeur de son patrimoine. Le patron du groupe californien n’est ainsi, selon le Bloomberg Billionaires Index, plus que la 28? fortune mondiale, se faisant dépasser par la nouvelle star émergente de la tech, Zhang Yuming, le fondateur de ByteDance, la société mère du réseau social chinois TikTok.
 
Les géants de la tech ne sont plus imperméables au monde réel

 

 

La situation des autres géants d’internet ne paraît pas forcément plus glorieuse à l’heure actuelle. Alphabet, la maison mère de Google, a réalisé cet été la plus faible croissance de son chiffre d’affaires depuis 2013, hormis le début de la pandémie de Covid-19.
 
Amazon a enregistré une baisse de 9% de son bénéfice net au troisième trimestre et fait état d’un chiffre d’affaires inférieur aux attentes, faisant plonger son action de 15% dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de Wall Street jeudi.
 
Le métavers dans le mal
Cependant, pour Meta, le mal semble plus profond. En perte de croissance, le groupe californien a tenté de révolutionner le monde de la tech avec sa réalité virtuelle. Néanmoins, le pari ne semble pas réussi. Le Wall Street Journal a mis la main sur un document interne de Meta qui dresse un bilan plus que mitigé de son métavers Horizon Worlds. Selon ce document, seuls 200.000 utilisateurs sont actifs tous les mois, alors que Meta en espérait 500.000 pour la fin 2022. Pourtant, début d’année, Horizon Worlds comptabilisait 300.000 utilisateurs. Le jeu vidéo en réalité virtuelle peine vraisemblablement à garder ses utilisateurs, qui, en moyenne, abandonneraient le métavers après seulement un mois d’utilisation. Les employés de Meta eux-mêmes s’y connecteraient peu.
 

Pour relancer son monde virtuel, Meta a promis l’arrivée prochaine d’une version web sur ordinateur, smartphone et tablette, qui ne nécessitera pas de casque de réalité augmentée, et l’amélioration de l’expérience Horizon Worlds. Meta envisage également d’offrir la possibilité aux utilisateurs d’être rémunérés par des marques, à l’instar des influenceurs sur les réseaux sociaux.

“Concurrent redoutable”
Mais l’immense déploiement de ressources pour construire un monde parallèle, accessible via les réalités augmentée et virtuelle, suscite de plus en plus de scepticisme de la part des observateurs, à l’heure où l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et la concurrence de TikTok grignotent les marges du géant des réseaux sociaux. “Il n’y a aucune information sur le potentiel en termes de revenus que Meta pourrait dériver du métavers. Personne ne sait”, note Debra Aho Williamson, analyste d’Insider Intelligence.
 
“Google a néanmoins plus de chance de rebondir rapidement, parce que son moteur de recherche est un socle d’internet depuis des décennies, tant pour les consommateurs que pour les entreprises. Son modèle économique n’est pas cassé”, élabore Aho Williamson. Face aux difficultés économiques mondiales, de nombreux annonceurs ont coupé dans leurs budgets marketing.
 
“Nous savions que les dépenses publicitaires mondiales allaient se contracter. Mais je pense que le pire est passé”, nuance Tejas Dessai, analyste chez Global X ETFs. “Et ça ne va pas si mal, les baisses restent modestes étant donné la pression sur les taux de changes et l’inflation”.
 
La menace incarnée par TikTok, en revanche, n’est pas sur le point de disparaître. En 2021, l’application de divertissement a dépassé Google en tant que site web le plus populaire au monde, d’après Cloudflare. C’est un “concurrent redoutable”, reconnaît Debra Aho Williamson, mais en termes de recettes publicitaires, “il n’y a pas de comparaison possible”. Les vétérans du secteur sont “encore largement en avance”, rappelle-t-elle.
 
Saison des fêtes incertaine
Les entreprises technologiques souffrent aussi d’un effet de comparaison défavorable avec 2021, quand la pandémie profitait encore énormément aux services en ligne.
 
Seul Apple a tiré son épingle du jeu, grâce à ses indéboulonnables iPhone. “Nous avons atteint un nouveau record pour notre base d’appareils en service” s’est félicité Tim Cook, le patron de la société, mettant en avant un nombre “record” de clients ayant troqué leur smartphone ou tablette pour acquérir un modèle plus récent. La marque à la pomme a dépassé les attentes du marché avec 90 milliards de dollars de chiffre d’affaires (+8% sur un an) et 20,7 milliards de bénéfice net gagnés de juillet à septembre.

 

 

 
Mais l’impact négatif du dollar fort devrait s’accentuer pendant la saison des fêtes: “Nous nous attendons à ce que les effets de change aient un impact négatif de quasiment 10 points de pourcentage sur un an”, a prévenu le directeur financier d’Apple, Luca Maestri.
 
Amazon prévoit aussi une croissance anémique pour ses standards, comprise entre 2% et 8% sur un an, pour cette période cruciale. La plateforme de commerce en ligne a renoué cet été avec la hausse de son chiffre d’affaires, après trois trimestres consécutifs de contraction, mais pâtit aussi directement des effets de change.
 
Microsoft, de son côté, toujours porté par le cloud, a publié mardi de bons résultats trimestriels, mais a averti qu’Azure, sa plateforme d’informatique à distance, allait croître moins vite pendant cette fin d’année.

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