Libye : déjà plus de 1 000 morts dans la bataille de Tripoli
La barre des 1 000 morts franchie dans la bataille ardue que se livrent depuis avril les forces rivales dans la capitale libyenne, Tripoli. Selon un bref communiqué publié par l’Organisation mondiale de la santé, au moins 1 048 personnes ont été tuées, dont 106 civils. 5 558 personnes ont par ailleurs été blessées, dont 289 civils.
Lancée début avril par le maréchal Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, la bataille oppose les forces de cet ancien officier de l’armée à celles du gouvernement d’union nationale reconnu par la communauté internationale – avec pour principal enjeu, le contrôle de la capitale Tripoli. En près de trois mois de conflit, les affrontements ont pris des allures de guerre par procuration, alors que le camp Haftar revendique le soutien de puissances dont l’Egypte, les Émirats arabes unis, et les Etats-Unis. De l’autre côté, le gouvernement d’union nationale porté par le Premier ministre Fayez Al-Sarraj, s’appuie sur des pays comme la Turquie, l’Italie ou encore le Qatar.
Si les combats semblent avoir baissé en intensité, le conflit est loin d’avoir connu son épilogue d’autant que les antagonistes campent sur leurs lignes et multiplient les approvisionnements en armes. Grands perdants dans cette lutte de pouvoir, les populations civiles, notamment les migrants interpellés au large de la Méditerranée et détenus dans des centres sur le territoire. La semaine dernière, une frappe aérienne sur un site a tué plus de 50 personnes, principalement des migrants détenus dans un hangar qui s’est effondré sur eux.
Guerre d’usure
La Libye s’est transformée en un refuge de milices après la mort de l’ancien guide Mouammar Kadhafi, tué dans des frappes occidentales dans la foulée du soulèvement populaire contre son régime en 2011. Le pays est aujourd’hui est un important point de transit pour de nombreux migrants qui tentent l’aventure européenne, mais aussi pour les trafiquants en tout genre. Pour ses défenseurs, le maréchal Haftar – fort de son succès face à la nébuleuse djihadiste dans l’Est – est l’homme qu’il faut pour relever la Libye de ses cendres.
Mais ses critiques, notamment au sein de la population, y voient une réplique du colonel Kadhafi. Ils l’accusent de vouloir imposer un régime autocratique, anéantissant tous les espoirs de la révolution. Alors que les analystes jugent d‘échec son offensive sur Tripoli, beaucoup s’inquiètent cependant que ce conflit ne se transforme en une guerre d’usure.