Les bonnes feuilles du livre de Birahim Seck: Lettre au peuple: Prodac, un festin de 36 milliards de francs CFA

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Plusieurs fois interpellé sur le scandale du Prodac (Projet des domaines agricoles communautaires), le coordonnateur du Forum Civil, Birahim Seck, avait donné rendez-vous pour plus tard avant de donner sa position.

Il disait attendre de réunir le maximum d’informations pour revenir sur ce scandale. Il a honoré son engagement en publiant ce week- end un ouvrage intitulé « Lettre au peuple : Prodac, un festin de 36 milliards de frs ».

Le coordonnateur surprend l’opinion puisque, au lieu de 29 milliards de francs comme annoncé jusqu’ici, il estime que le montant du scandale tourne autour de 36 milliards de frs. Il mouille dans ce scandale, le ministre de la Jeunesse au moment des faits, Mame Mbaye Niang, les directeurs généraux successifs du Prodac, Jean- Pierre Senghor et Mamina Daffé, l’entreprise israélienne Green 2000, Locafrique de Khadim Ba et les ministres de l’Economie Amadou Ba et du Budget Birima Mangara. A travers un résumé ou quelques bonnes feuilles, nous publions quelques passages concernant un scandale qui n’a pas encore fini de révéler tous ses contours.

« Lettre au peuple : Prodac, un festin de 36 milliards de francs CFA » fait d’abord une présentation de projet global des Domaines Agricoles Communautaires (DAC) à travers une description qui met en exergue ses différents volets et composantes, pour aboutir à l’exploitation du décret de création du Prodac, préparé par l’ancien ministre de la Jeunesse, Monsieur Benoit Sambou. Ce livre de 212 pages revient sur les péripéties du financement exécrable pour la réalisation des Domaines Agricoles Communautaires de Séfa, de Itato, de Keur Momar Sarr et de Keur Samba Kane.

Il étale aussi la gestion calamiteuse du contrat signé par Monsieur Mame Mbaye Niang, liant le Prodac et l’entreprise Green 2000 ainsi que ceux liant les entreprises TIDA et 3M Universal au Prodac. De plus, l’ouvrage retrace l’implication et les responsabilités directes de Monsieur Amadou Bâ, d’une part, et d’autre part de Messieurs Mame Mbaye Niang, Jean Pierre Senghor et Mamina Daffé » écrit Birahim Seck.

Selon le patron du Forum civil, « le livre révèle à travers l’exploitation de la convention de financement que les intérêts de l’Etat et de la jeunesse sénégalaise n’ont pas été défendus par Monsieur Amadou Bâ. Cette Convention protège plutôt la société Locafrique ayant comme parrain financier le Ministre des Finances. Contrairement à ce l’on pense, il révèle aussi que l’Etat du Sénégal ne s’est pas engagé que sur 29 milliards mais plutôt sur 36 milliards de FCFA suivant une programmation de remboursement.

C’est ce qui ressort de la lettre d’engagement ferme et irrévocable n°0000305/MEFP/DGF du 15 avril 2016 adressée à Khadim Bâ de Locafrique par le Ministre des Finances, Amadou Bâ.

En plus, le livre détaille et précise les conditions « criminelles » pour lesquelles l’Etat du Sénégal est engagé, en terme de taux d’intérêt, de frais de dossiers et de commissions de tirage. Il s’agit d’une forme de contractualisation qui aboutit inévitablement à des retro-commissions qui produisent un système de blanchiment de capitaux » accuse Birahim Seck

L’ordre de service « illégal » du 24 mars 2016 signé par Mame Mbaye Niang à la base de tous les paiements frauduleux
« En outre, l’ouvrage met au goût du jour l’ordre de service illégal n°0151/MJECC/SG/CAB/SP du 24 mars 2016 signé par Monsieur Mame Mbaye Niang qui est à la base de tous les paiements frauduleux qui s’ensuivront.

Contrairement aux propos de ce dernier qui soutient souvent n’avoir pas signé de contrat financier, le livre démontre que le contrat cruel et plus profitable à Green 2000 qu’au Prodac, contient plus de clauses financières et de clauses techniques.

L’ouvrage souligne que l’essence de ce que l’on pourrait appeler « contrat technique » n’y figure pas car Monsieur Mame Mbaye Niang a signé un contrat qui n’a ni Cahier de Clauses Administratives Générales (CCAG), ni Cahier de Clauses Administratives Particulières (CCAP) encore moins un Cahier de Clauses Techniques Particulières (CCTP). Il s’agit d’une voie ouverte à l’enrichissement illicite rapide mais aussi à la pratique de faux et d’escroquerie » indique le coordonnateur du Forum Civil.

L’ouvrage détaille aussi les responsabilités dans ce scandale du ministre Birima Mangara, de M. Jean Pierre Senghor, ancien coordonnateur du Prodac, et de M. Mamina Daffé, actuel coordonnateur du Prodac et tant d’autres personnes. Il a également fait focus sur une lettre mystérieuse relative à un montant de 40 millions d’euros, en date du 15 août 2015, impliquant le Groupe Carrefour Automobile SA dans le financement du projet des DAC et que M. Khadim Bâ de Locafrique avait adressée à Monsieur Jean Pierre Senghor

En outre, le livre retrace les responsabilités :
De l’ARMP qui a autorisé illégalement le gré à gré que le ministre Mame Mbaye Niang avait réfuté à l’émission «Faram Facce» du journaliste Pape Ngagne Ndiaye sur la Tfm du 20 juin 2018; de la DCMP qui, malgré son refus d’accorder le gré à gré au Prodac pour le choix direct de l’entreprise Green 2000, a fini par prêté le flanc en approuvant un contrat qui manque de tout ;

Du président de la République qui, par son inaction, semblait encourager les mauvaises pratiques qu’il ne devait pas ignorer malgré ses nombreux discours sur le Prodac.

Le travail remarquable des journalistes magnifié
« En plus de relater les faits, le brûlot contient en son sein des documents signés par les différents protagonistes : Décret, Décision, Contrat et lettres etc. De plus, le livre revient sur des paiements dépassant 14 milliards de francs CFA décaissés et payés à l’entreprise Green 2000 sans la validation du bureau de contrôle SOTERCO. « Lettre au peuple : Prodac, un festin de 36 milliards de francs CFA » n’a pas manqué de revenir sur le rôle très important joué par la presse dans cette affaire. Les faits relatés par les journalistes et les émissions animées par ces derniers ont beaucoup contribué à la réalisation de cet ouvrage.

Enfin, ce remarquable travail des journalistes doit être consolidé par des suites judiciaires pour éclairer la lanterne des Sénégalais car une si affaire assez grosse ne doit pas passer par pertes et profit. Il est de la responsabilité des citoyens d’être plus exigeants et plus alertes pour instaurer définitivement la culture de la transparence et de la reddition des comptes pour que l’impunité soit bannie au Sénégal » soutient en conclusion Birahim Seck.

Synthèse de A.K. DIARRA

DAKAR-ECHO

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