Le rappeur P. Diddy accusé d’avoir mis son « empire » au service d’un trafic sexuel
Le rappeur américain et puissant producteur de hip hop Sean « Diddy » Combs comparaîtra mardi devant la justice new-yorkaise où il est accusé d’avoir mis son « empire » au service d’un trafic sexuel et d’extorsions, selon l’acte d’inculpation du parquet fédéral.
Arrêté lundi soir à Manhattan, l’artiste qui fait l’objet de multiples plaintes pour agressions sexuelles, va plaider non coupable des chefs de trafic à des fins d’exploitation sexuelle, extorsions et transport de personnes aux fins de prostitution, a annoncé son avocat, Marc Agnifilo, en arrivant au tribunal.
Artiste aux multiples surnoms et casquettes dans le monde de la musique et des affaires, P.Diddy , 54 ans, est décrit par ses victimes présumées comme un prédateur sexuel violent, qui utilisait alcool et drogues pour obtenir leur soumission.
« Pendant des décennies », Sean Combs, alias « Puff Daddy », « a abusé, menacé et contraint des femmes et d’autres autour de lui à satisfaire ses désirs sexuels, protéger sa réputation et cacher ses actes », accuse l’acte d’inculpation dévoilé mardi par le parquet fédéral de Manhattan.
Selon les procureurs, c’est tout un système que le rappeur aurait mis en place : il « s’est appuyé sur les employés, les ressources et l’influence de l’empire commercial multi-facettes qu’il dirigeait et contrôlait pour créer une entreprise criminelle dont les membres se sont livrés (…) au trafic à des fins d’exploitation sexuelle, au travail forcé, à l’enlèvement, à la corruption et à faire obstruction à la justice », détaille l’acte.
Selon son avocat, son client se trouvait « volontairement » à New York pour « se rendre » et souhaite coopérer à l’enquête. Un juge pourrait décider de le placer en détention provisoire.
Les résidences de luxe du rappeur à Miami et à Los Angeles avaient été perquisitionnées par des agents fédéraux en mars dans le cadre d’une opération très médiatisée qui laissait entrevoir qu’une enquête fédérale et une affaire pénale se profilaient contre Combs.
-Figure du hip hop –
Sous les surnoms Puff Daddy, P. Diddy, Diddy et bien d’autres, il s’est imposé comme une figure du hip-hop venue de la côte Est, au micro ou à la production.
Il a fondé le label Bad Boy Records en 1993, prélude à son ascension jusqu’au sommet. Il a notamment produit feu Notorious B.I.G., une légende du rap new-yorkais assassinée en 1997, et Mary J. Blige. Son album « No Way Out » a reçu le Grammy du meilleur disque de rap en 1997.
Il a accumulé une immense richesse au fil des décennies, grâce aussi à ses activités dans l’industrie de l’alcool.
Cependant, malgré ses efforts pour cultiver l’image d’un magnat des affaires, une série de plaintes décrivent Combs comme un homme violent qui a utilisé sa célébrité pour s’attaquer aux femmes.
L’artiste nie toutes les accusations portées contre lui.
Le rappeur est visé depuis début juillet par une plainte d’une ancienne actrice de films X, Adria English. Elle accuse Sean Combs de s’être servi d’elle « comme d’un pion sexuel pour le plaisir et le bénéfice financier d’autres personnes » lors de soirées dans les Hamptons, dans l’Etat de New York, et en Floride, entre 2004 et 2009.
Au total, neuf plaintes ont été déposées contre le rappeur depuis novembre 2023.
– « Inexcusable » –
Dans l’une d’elles, déposée en novembre, son ancienne compagne « Cassie » Ventura l’accuse d’avoir eu un « comportement violent » et « déviant » durant une décennie.
Dans une vidéo datant de 2016, P. Diddy se déchaîne contre elle.
On y voit le rappeur la rattraper dans un couloir d’hôtel, l’attraper brutalement et la projeter violemment au sol, avant de lui asséner plusieurs coups de pied.
– « Brother love » –
« Mon comportement sur cette vidéo est inexcusable », avait déclaré le milliardaire sur Instagram.
L’affaire a été réglée « à l’amiable » selon un accord confidentiel.
Sean Combs a fait l’objet d’allégations de violences dès les années 1990, bien qu’aucune condamnation majeure n’ait jamais été prononcée contre lui.
Celui qui s’efforçait de redorer son blason ces dernières années avec un énième surnom, « Brother Love », a amassé une fortune conséquente en plus de trois décennies dans le milieu de la musique avec une image bling-bling, exhibant diamants, yachts et costumes sur mesure.
Cependant, un match caritatif de basket avec des célébrités à New York, dont il était responsable de la promotion, a tourné au drame en 1991, avec neuf morts après une bousculade. Accusé d’avoir négligé la sécurité, Sean Combs a fait face à une série de procès.