La technologie chinoise dans le collimateur des Etats-Unis

0

Les récentes sanctions des Etats-Unis infligées à la Chine sous la houlette de Donald Trump ont obligé ZTE à suspendre une importante partie de sa production au pays de l’Oncle Sam. Du coup, le secteur pourtant très lucratif des technologies se voit pris dans le feu des tensions commerciales qui prévalent entre les deux superpuissances. Les détails dans cet article.

ZTE, le nec plus ultra en termes de développement des infrastructures 5G (internet mobile ultrarapide) en Chine, s’est vu accuser par les Etats-Unis de violation de ses engagements relatifs à des embargos commerciaux.

Ainsi, mi-avril dernier, les USA ont interdit toute exportation de composants électroniques américains au profit de ZTE. Et ce, pendant sept ans. Selon des analystes, cette mesure américaine pourrait coûter très cher au géant chinois. D’ailleurs, ce mercredi, ZTE laissait entendre que “les principales activités du groupe ont cessé” suite à la décision américaine.

Cela va perturber les chaînes d’approvisionnement, cela va toucher beaucoup d’entreprises de façons diverses.

Cette mesure américaine se fait au moment même où les relations commerciales entre la Chine et les Etat-Unis sont au rouge. Cela, sur fond de guerre sans merci dans les secteurs de l’intelligence artificielle et de la 5G. Deux secteurs technologiques où tous les coups sont permis, compte tenu des énormes enjeux financiers qui y prévalent.

Les USA ne font pas dans la dentelle face à leurs concurrents chinois. Il est interdit à l’armée et aux fonctionnaires U.S d’utiliser les smartphones de ZTE, mais aussi ceux de Huawei, autre géant chinois des nouvelles technologies, lui aussi dans le collimateur de Donald Trump.

La forte dépendance chinoise à l’importation de composants électroniques

Autre action musclée des USA, le blocage en mars dernier du rachat par un concurrent singapourien de Qualcomm, fabricant américain de micro-processeurs. Le motif avancé par les Américains ? Raisons de “sécurité nationale”, car cela aurait pu (par ricochets) aider Huawei à prendre la pole position de la course à la 5G.

Mais, vu l’interdépendance des entreprises américaines et chinoises spécialisées dans les TIC (technologies d’informations et de la communication) et étant donné la dominance du marché mondial par ces deux géants, cette guerre risque d’avoir des conséquences fâcheuses. Du moins, selon certains spécialistes.

C’est le cas de ce cadre du secteur technologique (qui a souhaité garder l’anonymat), qui pense que “cela va perturber les chaînes d’approvisionnement, cela va toucher beaucoup d’entreprises de façons diverses”. Avant d’ajouter : “personne ne panique encore, mais les gens sont nerveux et observent.”

D’autres experts voient dans cette situation l’occasion pour la Chine de prendre son envol vis-à-vis des Etats-Unis. C’est ce que pense James Lewis, spécialiste du secteur pour le Centre d‘études stratégiques et internationales, un think-tank basé à Washington.

A titre de précision, le think-tank est un groupe de réflexion, ou laboratoire d’idées, généralement une structure de droit privé, indépendante de l‘État ou encore de toute autre puissance. Il est en principe à but non-lucratif et regroupe en son sein des experts.

James Lewis : “le plus gros impact, ce sera de pousser la Chine à donner un coup d’accélérateur à sa volonté de trouver des sources d’approvisionnement en dehors des Etats-Unis. Ils ne veulent pas être pris en otage” par les entreprises américaines. En effet, la dépendance chinoise est de taille ; la Chine importe jusqu‘à 80 % de ses micro-processeurs.

L’espionnage chinois redouté par les Américains

Lewis explique en partie la fébrilité américaine par le fait des ambitions planétaires de Huawei. Pour l’expert, “Huawei cherche à devenir le premier groupe télécom mondial”. Il souligne de même que “dans la 5G, ce sont les plus forts (…). C’est un secteur dans lequel le modèle chinois fonctionne mieux”, alors qu‘à l’opposé, “les entreprises américaines voient le marché chinois se fermer plus vite que prévu”.

Le volet de la surveillance n’est pas à exclure. Pour Lewis, une éventuelle domination chinoise dans le secteur de la 5G permettrait à l’empire du milieu de se doter d’un puissant outil d’espionnage. “Si vous contrôlez (…) l’infrastructure, vous avez un énorme avantage”, affirme-t-il. A ce titre, les USA accusent fréquemment Huawei d‘être l’un des bras armés technologiques de Pékin. Accusation rejetée sans réserve par le groupe chinois, qui a des tentacules dans 170 pays.

Matt Gold est enseignant en droit à l’université américaine de Fordham University. Il est aussi inscrit au rang des autorités commerciales américaines. Pour lui, “la situation actuelle (entre les deux superpuissances) est à peu près aussi délétère que possible”. Il pense que les difficultés de ZTE ne devraient pas causer de conséquences majeures entre son pays et la Chine.

Gold réaffirme le droit de Donald Trump d’imposer des sanctions pour cause de menace pour la sécurité nationale, et ce, en conformité avec la loi américaine. Il souligne cependant que cette disposition ferait une entorse aux règles du commerce international, si elle se pratiquait en dehors de toute guerre ou autre situation d’urgence.

L’enseignant en droit se veut plutôt rassurant, précisant que les parlementaires américains ne veulent pas d’une guerre commerciale à proprement parler avec la Chine. Ils opteraient pour l’imposition de limites plus strictes sur les investissements chinois dans les firmes américaines. Le but étant de limiter l’influence de la pénétration chinoise au Etats-Unis.

Pour Matt Gold, faire de la surenchère par l’imposition de nouvelles taxes douanières et autres restrictions sur la technologie serait fort risqué. Il termine par ceci : “de longs mois de négociations, puis la Chine offre aux Etats-Unis des concessions, avec des choses déjà signées ou promises précédemment”. De cette façon, “Trump sauve la face et peut proclamer la victoire”.

afp

koumpeu.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *