La culture du « niakk diom »
Ils sont encore une fois rentrés bredouilles d’une compétition de haut niveau. Sans le trophée qui aura tant fait rêver tout un peuple. Et le défi n’était pas de répéter l’histoire avec une deuxième place, mais de trôner fièrement sur la tête du football africain en ramenant la coupe à Dakar. L’équipe du Sénégal est mal entrée dans la Coupe d’Afrique des nations, mais elle en est ressortie avec une place honorable qui est toutefois loin de correspondre à ce qu’attendaient d’eux les 15 millions de supporters.
Leur dérouler le tapis rouge de l’aéroport au palais relève d’un non-sens, un forcing visant à célébrer une gloire sans le triomphe, une victoire sans trophée. Du jamais vu, assimilable à ce qu’on pourrait qualifier de culture du « niakk diom ». Les Sénégalais avaient soif de victoire et Mané est sa bande les auront laissés sur leur faim, avec une qualité de jeu qui peine à convaincre, malgré les victoires acquises sur un mouchoir de poche.
Le coach Aliou Cissé aura joué sa partition. Lui qui avait pourtant brisé l’espoir de tout un peuple en finale de la Can en 2002. Dix-sept ans après, la sélection nationale dont il aura la charge fait du surplace. Là où il lui fallait impérativement faire mieux que El Hadji Diouf, Cissé, Coly et Cie au plus fort de leurs talents. Eux au moins y mettaient la forme, la beauté du jeu et la pertinence dans le résultat.
Des talents individuels qui donnaient un collectif agréable à voir, du vrai spectacle ! Mais la bande à Mané, elle, mouille le maillot, mais pas suffisamment. D’aucuns leur reprochent un manque de patriotisme. Et ils ont eu le culot de parader dans les rues de Dakar des heures durant, alors qu’ils n’ont rien remporté. C’est une honte ! Quand s’y ajoute une récupération politique destinée à faire oublier d’autres polémiques…
On ne fête pas une défaite : c’est inculquer aux jeunes générations l’idée selon laquelle la défaite peut être synonyme de victoire ; c’est enlever en eux le sens et le culte du mérite. Car si des perdants sont récompensés, auréolés au même titre que des vainqueurs, l’envie de se surpasser et de faire la différence s’estompe.
Cissé a du mérite certes d’avoir rempli sa part du contrat, lequel consistait à la fois à qualifier l’équipe du Sénégal en Coupe du monde et à décrocher une place de finale de CAN. Ses poulains, eux, auraient mieux fait de rejoindre directement leurs clubs respectifs où ils semblent être plus utiles qu’en sélection nationale. Le chef de l’Etat leur avait demandé de laisser la téranga à Dakar. A croire qu’ils l’avaient enfilée dans leurs chaussettes jusqu’au Caire, en cachette.