France-Mali : les accords de défense dans le collimateur de la junte

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Dans un contexte de tensions accrues entre Paris et Bamako, les autorités de transition maliennes ont demandé la révision des accords de défense qui lient les deux pays. En quoi consiste ce pacte qui régit la présence militaire française au Mali ? Explications.
Le Mali a officiellement demandé à la France la révision des accords de défense qui lient les deux pays, a annoncé, dimanche 16 janvier, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, à France 24.
Cette demande effectuée fin décembre, qui n’a jusqu’ici pas suscité de réaction officielle côté français, s’inscrit dans un contexte de tensions militaires et politiques accrues entre Bamako et Paris.
En effet, depuis plusieurs jours, le survol du Mali par des appareils militaires entrant ou sortant de son espace aérien (en provenance des États ouest-africains ou s’y rendant) est remis en question par le gouvernement malien, notamment les vols de la Minusma et de la France. Ce lundi, les vols réguliers des aéronefs de l’ONU au Mali ont été « suspendus temporairement » dans l’attente de résultats de discussions avec les autorités maliennes sur de nouvelles procédures.
En quoi consistent les accords de défense liant la France et le Mali et pourquoi sont-ils aujourd’hui remis en cause ? France 24 fait le point.
Un accord d’urgence pour faciliter l’intervention française
Les accords de défense entre la France et le Mali ont été signés à la suite du déclenchement de l’opération militaire française Serval, le 11 janvier 2013. Alors que des groupes terroristes venus du nord descendaient vers la capitale Bamako, le gouvernement malien avait fait appel à la France, qui a déployé en urgence quelque 4 000 soldats.
Le partenariat sécuritaire entre la France et le Mali était jusqu’alors défini par un accord de coopération technique, signé en 1985, qui prévoyait la possibilité d’envoyer des soldats français pour des missions de formation ou dans le cadre d’opérations, encadrées par le commandement de l’armée malienne.
Le nouveau pacte sécuritaire, signé par échange de lettres en mars 2013, confère un statut juridique aux forces françaises pour faciliter leur intervention sur le sol malien.
Permettre une « sécurité durable »
Signé en urgence, l’accord de 2013 est entériné le 16 juillet 2014 à Bamako, lors de la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, au président Ibrahim Boubacar Keïta. Calqué sur le modèle de traités déjà conclus entre le Mali et plusieurs de ses partenaires africains (Cameroun, Togo, République centrafricaine, Gabon ou bien encore Sénégal), cet accord vise à établir une coopération sécuritaire renforcée sur le long terme.
Il prévoit de « concourir à une paix et une sécurité durables (…), notamment par la sécurisation des espaces frontaliers et la lutte contre le terrorisme ». Il permet également l’accès au territoire malien, « y compris ses eaux territoriales et son espace aérien », avec le consentement préalable de l’État.
Prévu pour une durée de cinq ans, ce traité est reconduit de manière tacite. Il est néanmoins précisé que « les Parties peuvent, à tout moment et d’un commun accord, amender par écrit le présent traité », comme le demande aujourd’hui le gouvernement malien.
Des accords « déséquilibrés » ?
Dans un entretien diffusé dimanche 16 janvier à la télévision malienne, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a ouvertement critiqué ce traité : « Nous voulons relire les accords déséquilibrés qui font de nous un État qui ne peut même pas survoler son territoire sans l’accord de la France. »
Depuis plusieurs mois, les autorités maliennes accusent Paris d’ingérence dans les affaires du pays, alors qu’à Bamako, des dizaines de milliers de Maliens ont répondu vendredi à l’appel de la junte à dénoncer les sanctions drastiques de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
De son côté, l’armée française maintient que des accords sur la régulation du trafic aérien existent et qu’ils ont pour but d’éviter les collisions aériennes entre les avions militaires. « Il n’y a pas d’entrave sur les opérations aériennes » sur le territoire malien, a assuré lundi l’état-major français.
Ce nouveau regain de tensions entre Bamako et Paris intervient dans un contexte bien particulier alors que le pays a fermé ses frontières en représailles à l’embargo économique décrété le 9 janvier par la Cédéao. Le Mali accuse la France, qui soutient cette mesure, d’avoir influencé la décision.
Le 12 janvier, Bamako a dénoncé une « violation » de son espace aérien par un avion militaire français ayant effectué la liaison entre Abidjan et Bamako, fustigeant une « manœuvre frauduleuse ». L’armée française a pour sa part affirmé n’avoir reçu aucune information quant à d’éventuelles restrictions de vols et fait valoir les accords de défense liant les deux pays.

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