Election présidentielle 2019: Entre flou et brouillage total

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A quelques cinq mois de la présidentielle du 24 février prochain, la sphère politique sénégalaise est marquée par un manque de visibilité déjouant ainsi tout pronostic ou tout sondage préélectoral.

Chaque candidat déclaré à la candidature pour la présidentielle de 2019 y va de sa stratégie, tout en s’évertuant à se faire une place au soleil politique avant les prochaines joutes. Le président sortant, Macky Sall, cherche quant à lui à passer dès le premier tour face à des adversaires politiques, les uns plus déterminés que les autres, voulant lui imposer un second tour.

La présidentielle de 2019 s’annonce très complexe au vu de la configuration actuelle des forces en présence dans la sphère politique. Le tohu-bohu politique causé par moment par des retournements de situation, les uns plus chanceux que les autres, laisse perplexe tout analyste ou observateur de la sphère politique qui serait tenté de faire un sondage ou un pronostic à quelques 5 mois de la présidentielle du 24 février 2019.

Les candidats déclarés à la candidature multiplient les stratégies, soit pour faire un passage en trombe et rééditer le coup du président Wade en 2007, avec un seul tour, soit pour imposer un second tour au président sortant, comme ce fut le cas en 2012, même si les contextes diffèrent.

MACKY SALL PARRAINE LA TRANSHUMANCE

Du côté du président sortant Macky Sall, toute la stratégie politique tourne autour de la recherche d’un second mandat, dès le premier tour. Sinon, comment expliquer ces enrôlements à tour de bras de transhumants et ses nouvelles alliances avec des partis, tout en grossissant les rangs de l’Alliance pour la République (Apr) avec des dissidents de formations politiques sur la ligne de départ pour la présidentielle ?

Mettant en avant la nécessité pour les forces vives de la Nation de se réunir autour de la mouvance présidentielle pour la construction du Sénégal, le président Macky Sall élargit la base de sa majorité. Sont ainsi passés à la trappe Moussa Sy, maire des Parcelles Assainies, Banda Diop de la Patte d’Oie, Modou Diagne Fada de Ldr, Khouraichi Thiam, sans oublier Souleymane Ndéné Ndiaye, leader du parti Union Nationale pour le peuple (Unp), Pape Samba Mboup, ancien chef de cabinet d’Abdoulaye Wade, Aliou Niang, ancien président du Conseil régional de Saint-Louis et Fabouly Gaye, ancien président du Conseil régional de Kolda.

La liste est loin d’être exhaustive. Est-ce suffisant cependant pour gagner ce scrutin dès le premier tour ? Les président Wade et Diouf en ont fait les frais.

OUSMANE SONKO SE FRAYE UN CHEMIN

Au même moment, des leaders politiques se font leur bonhomme de chemin dans cette confusion générale. Il en est ainsi du patron du Pastef/Les patriotes, Ousmane Sonko qui semble tisser sa toile de fond. Depuis la publication de son livre “Solutions-Pour un Sénégal nouveau“ et son lancement fait en trombe à la Place de la Nation (Ex-place de l’Obélisque), le candidat de Pastef semble sortir du lot et apparait comme un stratège politique.

Cela, avec une communication adossée aux contingences de la vie politique, avec des débats de fond sur l’exploitation des ressources naturelles et la mal gouvernance. L’une des cibles de sa communication reste sans équivoque les jeunes, cooptés dans les réseaux sociaux, l’un de ses terreaux fertiles de communication. Les attaques et autres invectives du camp d’en face ont été pour quelque chose dans sa montée en puissance.

A chacune de ses sorties, les répliques et autres attaques, voire même invectives et menaces, venant du camp de la majorité n’en finissent pas de pleuvoir. Cependant, cette forte propension à voir la main de l’Etat derrière chaque malheureux événement, comme ce fut le cas dans l’épisode des «gendarmes» au domicile de sa maman à Ziguinchor, ou encore la mort d’une de ses militantes à Keur Massar, Mariama Sonko, risque de lui jouer de mauvais tours. Qui plus est, cette frange jeune, cœur de sa cible, n’est pas forcément sur le fichier électoral.

IDRISSA SECK SE TERRE ET COGITE

Au moment où Ousmane Sonko, senti ragaillardi par la sortie de son livre et les attaques du régime, cherche à occuper l’espace politique, son collègue de l’opposition, Idrissa Seck se terre chez lui, si l’on en croit le vice-président du parti Rewmi, le député Déthié Fall. Selon lui, son mentor s’attèle à peaufiner son programme à présenter aux Sénégalais, mais qu’il n’est pas absent du territoire.

Une stratégie du silence adoptée par Idrissa Seck après sa glissade concernant le vrai lieu de pèlerinage des musulmans et l’historique de la question palestinienne. Avant cette sortie malencontreuse qui a tant soit peu refroidi ses ardeurs, le patron de Rewmi était considéré, à tort ou à raison, comme le challenger numéro 1 du président sortant Macky Sall, après la mise à l’écart de Karim Wade, éjecté des listes électorales et celle probable de Khalifa Sall, maire de Dakar, qui doit jouer sa dernière carte à la Cour suprême. Vraisemblablement, il a été obligé par cet incident malheureux de revoir sa copie communicationnelle, car il ne ratait aucune occasion pour parler aux médias.

MALICK GAKOU ET ABDOUL MBAYE SE CHERCHENT

Dans cette course vers la présidentielle, certains candidats à la candidature semblent se chercher pour se faire une place à la plage politique. Le leader du Grand parti, Malick Gakou en fait partie. Il avait repris du poil de la bête, tout juste après la glissade d’Idrissa Seck. Après la bourde du patron de Rewmi, Malick Gakou a cherché à se positionner en lançant son Programme alternatif Suxxali Sénégal (Pass). D

ans une salle pleine à craquer, l’ancien ministre du Commerce avait affiché toute sa confiance, promettant de battre le président Macky Sall à la présidentielle de 2019. Ce qui est évident, c’est que les projecteurs sont de moins en moins braqués sur lui, ces temps-ci.

Et Abdoul Mbaye, leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) dans tout ça ? L’ancien Premier ministre semble freiné par la fausse information qu’il avait livrée sur la mort d’un manifestant le 19 avril dernier, lors de la manifestation dispersée du Front de l’opposition.

LE PDS S’EMMELE LES PINCEAUX

Quid du Parti démocratique sénégalais (Pds) ? Le parti du “Pape du Sopi“ se trouve en zone de turbulence à cause de cette double candidature annoncée en son sein. Même si de bonnes volontés du groupe parlementaire «Liberté et démocratie» essaient de jouer les bons offices pour sauver les meubles et réduire les dégâts, il n’en demeure pas moins que cette candidature de Madické Niang et celle de Karim Wade ne sont pas pour faciliter la tâche au parti.

Ce qui reste évident, si les positions des uns et des autres restent figées, c’est qu’il y aura forcément une scission du Pds, avec d’un côté les partisans du Plan B avec Madické Niang et de l’autre les jusqu’au-boutistes décidés à faire plier Macky Sall et son régime pour valider la candidature de Karim Wade.

ABDOULAYE BALDE ET SAMUEL SARR DANS LE FLOU

Si le parti de Wade s’engouffre chaque jour dans des lendemains incertains, d’autres candidats de «l’opposition» maintiennent le flou sur leurs réelles ambitions. Même s’il a déclaré sa candidature pour la présidentielle prochaine, le maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé, qui aurait été financé par le président Macky Sall lors des législatives de 2017 ne rassure pas.

Sa femme, Ami Gassama a créé un mouvement de soutien au président Macky Sall. Il en est de même pour le patron du Libéralisme social sénégalais (Lss) Samuel Sarr, qui fait partie de la liste des 25 pontes de l’ancien régime entre les mains de la Crei.

Si pour le premier responsable cité, il a été blanchi par la Crei, pour le second, aucune information sur l’état d’avancement de l’instruction de son dossier, si ce n’est la levée de son interdiction de sortir du territoire, selon Libération.

Jean Michel DIATTA

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