Donald Trump signe le décret portant à 50% les surtaxes douanières sur l’aluminium et l’acier

Le président américain Donald Trump a doublé la mise mercredi sur les importations d’acier et d’aluminium, en portant les droits de douane sectoriels à 50%, alors que les négociations avec plusieurs partenaires commerciaux des États-Unis doivent se tenir dans la journée à Paris.

L’acier et l’aluminium ont été le premier secteur concerné par les droits de douane voulus par Donald Trump, avec l’entrée en vigueur d’une surtaxe de 25% le 12 mars, dans la volonté affichée d’inciter aux investissements dans le pays. Ces droits de douane sectoriels, appliqués également à l’automobile avant de s’étendre prochainement aux produits pharmaceutiques et aux semi-conducteurs, sont les seuls à ne pas avoir été bloqués par une récente décision de justice, qui a visé les droits de douane appliqués sans distinction.

Les acteurs commerciaux préfèrent rester prudents

Les partenaires commerciaux des États-Unis ont tiré les leçons du chaos des derniers mois : ils ont compris que les taxes punitives annoncées le poing sur la table par le président américain pouvaient parfois être suspendues quelques heures à peine après être entrées en vigueur, quand les dates butoirs n’étaient pas repoussées à la dernière seconde.

Tout le monde a en tête que fin mai Donald Trump avait menacé d’imposer des droits de douanes supplémentaires de 20% sur toutes les importations européennes avant de repousser l’échéance au 9 juillet après un échange téléphonique avec Ursula von der Leyen la présidente de la commission européenne.

C’est ce qui explique la prudence des acteurs du secteur qui ont indiqué à RFI ne pas vouloir s’exprimer au micro tant que rien n’était encore officiellement acté. D’autant que des discussions sont prévues ce mercredi à Paris entre Maros Sefcovic, le commissaire européen au Commerce et Jamieson Greer le représentant américain. Pour la sidérurgie européenne qui a perdu 18 000 emplois en 2024 et qui souffre déjà de la concurrence chinoise dans un contexte de ralentissement général de la demande, ce pourrait être une question de survie.

Le Canada, premier fournisseur des États-Unis

Pour l’industrie métallurgique canadienne, c’est tout un choc à encaisser. Le pays est le premier fournisseur d’acier et d’aluminium des États-Unis. Le cabinet du Premier ministre Mark Carney a notamment décrit les tarifs comme étant illégaux et injustifiés. Avec des droits de douane qui explosent à 50%, un mur tarifaire s’est abattu à minuit entre le Canada et les États-Unis et l’industrie le prend de plein fouet, rapporte notre correspondant à Montreal, Nafi Alibert.

« L’élément important là-dedans, c’est combien de temps ça va durer. Parce qu’il y a des entreprises qui vont serrer la ceinture », explique Nicolas Lapierre, du syndicat des Métallos. Un coup dur pour tout un secteur qui a généré l’an dernier plus de 25 milliards de dollars grâce à ses exportations d’acier et d’aluminium, dont l’écrasante majorité part vers les États-Unis.

« C’est sûr qu’il va falloir trouver une piste d’atterrissage pour tout le monde. Parce qu’il n’y a pas d’entreprises qui ont des marges bénéficiaires de 25 à 50% de profit. Ça n’existe pas. On est très impactés », poursuit Nicolas Lapierre.

Mardi, Dominic LeBlanc le ministre responsable de la relation Canada-États-Unis se trouvait à Washington pour défendre les intérêts du pays. « On a fait part de nos inquiétudes quant à l’augmentation, les tarifs sont inacceptables. On a expliqué comment cela va être néfaste pour le Canada comme les États-Unis », a t-t-il déclaré.

Ottawa s’engage à soutenir l’industrie canadienne en favorisant l’utilisation d’acier et d’aluminium locaux dans ses grands projets. Mais l’industrie réclame plus, elle veut le retour immédiat des contre-tarifs canadiens qui ont été suspendus le mois dernier.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *