Cette semaine, dans la série « Pastef, la politique et les équations à plusieurs inconnues », un épisode très attendu : la rencontre entre Bassirou Diomaye Faye et le Bureau politique. La nuit du mardi, les réseaux sociaux vibraient déjà au rythme du hashtag « Alhamdoullilah », espérant vivre un grand dégel entre les « frères siamois ». Beaucoup imaginaient déjà une nouvelle photo commune, deux sourires rassurants et un message clair : « On avance ensemble ». Ce qui se fera probablement dans les prochains jours.
Mais avant cela, admettons que la politique sénégalaise n’est pas une série à l’eau de rose, et les derniers développements relayés par la presse de ce matin ont ramené certains militants à la réalité.
Devant les cadres du parti, le Président a d’abord voulu trancher court à toute spéculation. Il reste loyal à Sonko, et ce dernier reste son frère de combat. « Diomaye moy Sonko, Sonko moy Diomaye », répète-t-il. Une formule qui sonne comme un serment d’alliance, prononcé pour calmer les ardeurs de ceux qui, depuis quelques semaines, redoutent un éloignement discret mais réel entre les deux figures du pouvoir.
Mais immédiatement après cette déclaration pleine d’unité, Diomaye assume une décision qui fait grincer des dents : la nomination d’Aminata « Mimi » Touré pour restructurer la coalition « Diomaye Président ».
La presse, appuyée par Cheikh Bara Ndiaye, député de la majorité, rapporte qu’il en est l’unique auteur, convaincu par l’engagement passé de l’ancienne Première ministre. Le problème, c’est que Mimi n’est pas n’importe quelle figure. Elle traîne des adversaires, des blessures politiques encore fraîches, et un rapport de l’IGE qui continue de diviser. Diomaye, lui, doute de la sincérité de ce document qu’il attribue à une commande de Macky Sall. « Mais on verra », ajoute-t-il, selon toujours la presse. Une phrase courte, lourde, et qui laisse toutes les portes ouvertes.
S’ajoute à cela l’affaire Abdourahmane Diouf, visé par des soupçons de surfacturation. Le chef de l’État confirme que les vérifications sont toujours en cours. En d’autres termes, les conclusions ne tomberont pas aujourd’hui, et la question reste politiquement inflammable.
Pour dire alors que les signaux envoyés créent un brouillard stratégique. D’un côté, Mimi Touré signe des ralliements à la chaîne, renforçant l’image d’une coalition conquérante.
De l’autre, dans un communiqué ferme daté du 11 novembre, le Pastef précise qu’il ne reconnaît aucune initiative coordonnée par Mimi, avec qui il ne partage « ni les mêmes valeurs ni les mêmes principes ». Le parti annonce poursuivre sa propre dynamique interne, marquée par un projet de fusion et par la consolidation de la coalition APTE sous la direction d’Aïssatou Mbodj.
Et c’est là tout l’enjeu. La coexistence entre la dynamique propre du Pastef, les ambitions d’élargissement de la coalition et la présence d’acteurs politiques issus d’horizons différents crée naturellement des zones de frottement. C’est la réalité d’un pouvoir jeune, issu d’une mobilisation populaire inédite, appelé aujourd’hui à gérer des sensibilités multiples tout en maintenant sa cohésion interne.









