Burundi: le président Ndayishimiye met de nouveau en garde le Rwanda
Le président du Burundi Evariste Ndayishimiye, dont les troupes soutiennent l’armée congolaise face au M23 et son allié rwandais dans l’Est de la RDC, a mis une nouvelle fois Kigali en garde contre une attaque lors d’une visite mardi à leur frontière commune, a appris mercredi l’AFP.
Fin janvier, M. Ndayishimiye avait déjà affirmé que Kigali était « en train de préparer quelque chose contre le Burundi. » Par le passé, il a qualifié le Rwanda d' »ennemi. »
« Celui qui va nous attaquer, nous allons l’attaquer », a déclaré le général Ndayishimiye devant des habitants de Bugabira (Nord), une commune frontalière du Rwanda, qu’il a aussi qualifié de « mauvais voisin » dans un discours diffusé mercredi par des médias locaux.
« Commencez à vous préparer et n’ayez pas peur », a-t-il ajouté, évoquant des affrontements datant du 18e siècle entre les royaumes rivaux du Burundi et du Rwanda.
La population du Burundi est très majoritairement hutu (85%) et compte une minorité tutsi (14%).
Depuis son indépendance en 1962, ce pays d’Afrique centrale extrêmement pauvre a été le théâtre de massacres interethniques cycliques, notamment en 1965, 1972 ou 1981, les deux communautés s’étant mutuellement accusées de génocide.
Le pays, qui a plongé entre 1993 et 2006 dans une guerre civile ayant fait 300.000 morts, continue de connaître des tensions et accusations d’exclusion ethnique.
Lundi, l’évêque de Muyinga (Nord-Est) et ancien président de la Conférence des évêques catholiques du Burundi a mis en garde contre la montée des tensions ethniques.
« Nous ne pouvons pas passer sous silence le fait que cette guerre est en train de réveiller la blessure des divisons ethniques que nous sommes en train d’essayer de guérir par la promotion du pardon et de la réconciliation dans le pays », a déclaré Mgr Bonaventure Nahimana dans un message diffusé sur une radio catholique.
Le groupe armé M23 et ses alliés ont pris fin janvier le contrôle de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, avant de s’approcher de Bukavu, capitale du Sud-Kivu distante d’une cinquantaine de km du Burundi.
L’armée burundaise a envoyé un bataillon supplémentaire en RDC la semaine dernière.
Selon plusieurs sources interrogées par l’AFP, une grande inquiétude a saisi le régime, issu d’une ancienne rébellion hutu.
De son côté, un journaliste burundais, parlant sous couvert d’anonymat, a pointé que cette inquiétude s’étendait dans la société, affirmant que « depuis des semaines, on ne parle que de la guerre du Congo dans tous les groupes, sur les réseaux sociaux. »