Burundi : le difficile accès aux serviettes hygiéniques pour les jeunes filles
Au Burundi, l’accès aux serviettes hygiéniques est un casse-tête pour les jeunes filles. Beaucoup d‘écolières ratent leurs cours en raison du manque de garniture en période menstruelle. Des témoignages pathétiques.
Le principal écueil pour les adolescentes est l’absence de ressources financières. “C’est vraiment un calvaire durant les menstruations pour nous les élèves. Et ce, suite a l’inaccessibilité aux serviettes hygiéniques. C’est cher et il nous est difficile de demander de l’argent aux parents tout le temps. Rendre disponibles les serviettes lavables et réutilisables est vraiment une meilleure solution”, estime Nadège Kamikazi, une lycéenne à Bujumbura.
Pour répondre à cette préoccupation, SACODÉ, une ONG locale a initié AGATEKA, un projet de confection de serviettes hygiéniques lavables et réutilisables. Pour la coordinatrice du projet, Marlette Kaneza, “ce projet est venu aider nos sœurs. Parce qu’on sait que les serviettes qui sont actuellement disponibles, les moins chères coûtent 2000 Francs BU (0,96 euro). Et avoir cette somme chaque mois, c’est un problème pour nos familles qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté”.
À défaut des garnitures, les jeunes filles ont recours aux mesures de protection peu hygiéniques et les conséquences sont déplorables. “La plupart utilisent un matériel qui n’est pas propice pour gérer les menstruations. Certaines utilisent des morceaux de matelas, d’autres utilisent d’habits déjà usés. Et ça peut avoir plusieurs conséquences pour leur santé : des infections génitales ou de petites blessures qui peuvent être une portée d’entrée pour les microbes”.
« Pour celles qui sont encore à l’école, le manque de ce matériel peut les amener à être absentes plusieurs jours par mois. En moyenne, une jeune fille a des menstruations de 3 à 4 jours. Et si c’est à 3 ou 4 jours qu’elle s’absente chaque mois, ça a directement un impact sur ses résultats scolaires et à la longue ça peut les amener à l’abandon scolaire”, redoute encore Marlette Kaneza.
Les pouvoirs publics interpellés
Aujourd’hui le collectif des blogueurs Yaga-Burundi s‘érige en défenseur des femmes burundaises et lance un appel aux décideurs en vue de la détaxation des serviettes hygiéniques.
“Nous avons lancé cette campagne pour demander aux décideurs pour faire en sorte que les serviettes hygiéniques qui sont importées soient détaxées à défaut d’être données gratuitement pour que leurs prix baissent considérablement. C’est important parce que c’est quelque chose qui touche toute femme riche ou pauvre à partir de la puberté. C’est quelque chose de primordial que le gouvernement doit traiter” déclare pour sa part Dacia Munezero, l’un des membres du collectif des bloggueurs Yaga-Burundi.
À l’instar de plusieurs pays africains, au Burundi, des sujets relatifs à la sexualité et plus particulièrement celui de la période menstruelle sont considérés comme des tabous.
Certains gouvernants commencent à réagir en connaissance de cause. C’est le cas du Rwanda qui a récemment réduit de 18 % la TVA sur les serviettes hygiéniques afin de les rendre plus accessibles aux jeunes filles.