Afrique : la croissance dopée par les ressources naturelles
Le continent africain confirme sa capacité à mieux résister aux chocs externes et à générer une croissance plus endogène. L’activité s’est accélérée en 2012 avec une hausse du PIB de 6,6 %, après 3,5 % en 2011, selon les nouvelles prévisions économiques de l’OCDE, des Nations unies et de la Banque africaine de développement. Même s’il faut minimiser ce rebond lié au rétablissement économique de la Libye, les perspectives restent très favorables pour l’Afrique en 2013 (+ 4,8 %) et 2014 (5,3 %), en dépit d’une conjoncture internationale morose. À noter toutefois qu’elles sont encore en deçà des performances d’avant la récession de 2009. «Depuis dix ans, une stabilité accrue, des politiques macroéconomiques saines, l’amélioration des termes de l’échange et de fructueux partenariats avec les économies émergentes ont redonné une marge de manœuvre économique aux dirigeants africains», souligne le rapport.
Assise sur la richesse de ses ressources naturelles, agricoles, pétrolières et minières, l’Afrique bénéficie d’une croissance plus diversifiée, alimentée de plus en plus par la dynamique interne. L’activité est stimulée par l’investissement privé, notamment les flux financiers venus de l’étranger – encore très concentrés sur le secteur pétrole et minier – et la consommation privée, grâce au boom du crédit et un niveau record des transferts d’argent des migrants. Les pays riches en ressources comme l’Angola ou le Gabon profitent toujours de la bonne tenue des cours des matières premières. Sur le front agricole, de bonnes récoltes ont dopé la production et atténué les répercussions sur le consommateur des prix internationaux élevés. Les services se développent rapidement, en particulier dans les télécommunications, les services financiers et l’assurance.
Tensions sociales et insécurité
S’il existe de fortes disparités géographiques, l’Afrique de l’Ouest sera la plus performante en 2013 (6,7 %) et 2014 (7,4 %), notamment au Ghana et en Côte d’Ivoire. Deux ans après le printemps arabe, les tensions sociales et politiques perdurent en Égypte, en Libye et en Tunisie. Elles pèsent aussi, avec l’insécurité, sur le Mali, la RDC et le Nigeria. La plupart des pays d’Afrique de l’Est – l’Éthiopie, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie – sont sur une trajectoire de croissance soutenue, entre 5 et 7 %. Tandis que l’Afrique du Sud, ex-locomotive du continent, a souffert de la récession internationale et des conflits sociaux dans les mines.
Au-delà des avancées, il reste toujours les mêmes défis à relever – infrastructures, éducation, gouvernance, intégration économique… – pour faire de l’Afrique le vrai continent du futur. «C’est le moment d’accélérer les transformations pour que les économies deviennent plus compétitives et créent plus d’emplois plus rémunérateurs, insiste le rapport. Et pour cela il est essentiel de diversifier les sources d’activité.» Sachant que pour endiguer la pauvreté, l’Afrique a besoin d’un taux de croissance minimum de 7 %.