Le sujet est remis sur la table. Dans plusieurs pays, les démocraties se fragilisent sous le poids des inégalités croissantes. À Dakar se sont réunis des économistes, des chercheurs, des historiens et des sociologues au musée des Civilisations noires, ce mardi 17 juin 2025, autour d’une conférence organisée par la Fondation de l’innovation pour la démocratie et l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). Une initiative qui a permis d’analyser les causes de ce phénomène et trouver des réponses favorables à ce débat.
Alors que de nombreux pays africains ont accédé à la démocratie politique, l’économie du continent reste-t-elle largement sous influence. Importations massives, dépendance vis-à-vis des marchés étrangers, contrôle des ressources naturelles par des multinationales : l’Afrique est toujours en transition économique.
Le directeur de l’AUF, le Pr. Achille Mbembe, est revenu brièvement sur le sujet en visioconférence. Il est d’avis que le continent africain se doit d’être indépendant dans l’exploitation de ses ressources et matières premières. «Se réapproprier les ressources du continent africain doit être le premier débat. Le continent se trouve en crise économique, le marché crée des inégalités croissantes», souligne-t-il.
L’un des axes de la conférence est de lancer un chantier qui aidera à outiller une nouvelle génération capable de conduire des transitions économiques durables et inclusives tout en renforçant une démocratie substantive qui garantit l’égalité.
Pour l’économiste Faizel Ismail, la dépendance des pays africains empêche une économie démocratisée. «Il faut briser le cercle vicieux. Quatre-vingts pour cent des vêtements portés en Afrique sont importés. Il serait judicieux de mettre en valeur nos propres produits dans tous les pays », explique-t-il.
Felwine Sarr, économiste et philosophe à Duke University, invite à repenser une économie plus libre et indépendante. « On a des ressources qui sont valorisées par l’économie du monde. On peut envisager des diapositives institutionnelles qui limitent la capacité de nos élites gouvernantes à les vendre à ville prix », renchérit-il.
L’Afrique doit reprendre le contrôle de son avenir économique, en sortant des logiques de dépendance et en misant sur ses propres forces. Cela implique une transformation structurelle, une volonté politique forte et une mobilisation de toutes les énergies publiques, privées et communautaires. Car sans souveraineté économique, la démocratie reste incomplète.