Crise israélo-iranienne : quelles répercussions pour l’économie sénégalaise ?

Lancée depuis le 13 juin avec l’attaque israélienne puis la riposte de Téhéran, la guerre israélo-iranienne tient en haleine le monde entier. Mais, malgré les 5600 km qui séparent Dakar de Tel Aviv, cette guerre pourrait avoir des répercussions sur l’économie africaine en général et sénégalaise en particulier, comme ce fut le cas de la guerre russo-ukrainienne.

 
Cette fois-ci, ce ne seront pas les importations de blé qui seront touchées, mais le coût du pétrole et la chaîne qui dépend de ce premier facteur. Selon l’ambassadeur Cheikh Niang, ancien Représentant permanent du Sénégal auprès des Nations Unies, toute une chaîne alimentaire pourrait être touchée à Dakar et environs. « Pour le Sénégal, ce n’est pas seulement un renchérissement de ses importations de carburant qui est en jeu. C’est un effet domino sur l’ensemble de la chaîne alimentaire (via l’augmentation des coûts des intrants agricoles), sur la logistique nationale (transport, distribution), et in fine, sur la stabilité sociale. Les récents investissements dans les gisements gaziers de Grand Tortue Ahmeyim et le pétrole de Sangomar, bien que prometteurs à moyen terme, ne suffisent pas à amortir un tel choc à court terme. Pire : si les conditions de financement international se durcissent — ce qui est probable dans un contexte de stagflation mondiale — ces projets stratégiques pourraient être ralentis ou rendus moins viables économiquement », dit-il sur Le Soleil.
 
Pire, si la guerre se prolonge, la situation pourrait devenir plus corsée pour les Sénégalais. Selon l’Ambassadeur Cheikh Niang, les conséquences pourraient être critiques dans deux sens. « Pour le Sénégal, la situation est doublement critique : le pays ne dispose pas encore d’une base industrielle suffisante pour amortir une contraction prolongée de la demande extérieure, et son espace budgétaire est restreint par une dette publique croissante, en partie libellée en devises étrangères. En cas de remontée des taux d’intérêt internationaux (notamment par la BCE ou la FED), le service de la dette pourrait devenir insoutenable, forçant l’État à arbitrer entre paiement des créanciers et dépenses sociales essentielles », prévient Cheikh Niang sur le quotidien national.
 
 
Selon lui, ce n’est pas seulement le Sénégal qui subira les conséquences d’une guerre prolongée, mais quasiment toute l’Afrique. « La crise israélo-iranienne de juin 2025 n’est pas une crise régionale ; c’est un avertissement global. Elle rappelle à l’Afrique — et au Sénégal en particulier — que l’interdépendance mondiale n’est pas seulement une opportunité, mais aussi un facteur de vulnérabilité. Les États africains doivent désormais intégrer, dans leur planification nationale, l’hypothèse de ruptures géopolitiques majeures, de désordres systémiques et de conflits asymétriques », ajoute le diplomate. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *