Guerre Israël-Hamas: les réactions contrastées des pays arabes du Golfe
« Aucune négociation » n’est possible pour le moment avec Israël. C’est ce qu’a affirmé ce lundi 9 octobre à l’AFP un responsable du Hamas, basé à Doha, lors du troisième jour de l’offensive militaire déclenchée par le mouvement islamiste palestinien sur Israël.
« L’opération militaire se poursuit et la résistance, menée par les Brigades Al-Qassam (branche armée du Hamas), continue de défendre les droits de notre peuple, donc il n’y a actuellement aucune négociation possible sur la question des prisonniers ou autre » avec Israël, a déclaré Hossam Badrane, membre du bureau politique du Hamas dans la capitale du Qatar. « Notre mission consiste désormais à tout mettre en œuvre pour empêcher l’occupation de continuer à commettre des massacres contre notre peuple à Gaza, qui visent directement les habitations civiles. »
Quel rôle pour le Qatar ?
Mais le Qatar, pays dans lequel se trouve le bureau du mouvement palestinien et qui entretient des relations financières avec celui-ci, pourrait-il jouer un rôle dans une potentielle médiation ? « Le Qatar a contribué au renflouement des caisses du Hamas », rappelle Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et la Méditerranée, à l’AFP, notamment avec le versement des salaires des fonctionnaires de l’administration publiques à Gaza.
En plus de cela, « Doha finance la survie de la bande de Gaza en accord avec l’État d’Israël. On sait donc que le Qatar a les moyens de peser sur le Hamas », souligne quant à elle Agnès Levallois, vice-présidente de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient, à l’AFP.
Doha, souvent cité comme facilitateur de libération d’otages dans la région, pourrait ainsi contribuer à « des efforts conjoints » avec l’Égypte pour rétablir le calme en Israël, estiment les experts. Pourtant, le Qatar a explicitement déclaré tenir « Israël comme seul responsable de l’escalade actuelle ».
D’après les informations d’une source citée par Reuters, des médiateurs du Qatar ont tenu des entretiens en urgence ce lundi avec des responsables du Hamas pour tenter de négocier la libération de femmes et d’enfants israéliens capturés par le mouvement et détenus à Gaza, en échange de la libération de 36 femmes et enfants palestiniens des prisons israéliennes.
Les pourparlers ont fait « quelques progrès », a affirmé une source proche du dossier à l’AFP, sans fournir d’autres détails.
Réactions divergentes dans d’autres pays du Moyen-Orient
Dans les autres pays du Moyen-Orient, les réactions sont multiples. La première réaction des Émirats arabes unis, publiée ce samedi, était neutre. Abu Dhabi s’était en effet contenté d’appeler au calme. Ce lundi, la monarchie du Golfe s’est dite « consternée » par la prise d’otage de civils israéliens, rapporte notre correspondant régional Nicolas Keraudren.
Elle a aussi qualifié « les attaques du Hamas contre les villes et villages israéliens (…) d’escalade sérieuse et grave ». Une position sur laquelle s’est d’ailleurs aligné le royaume de Bahreïn.
Ces deux pays du Golfe et le Maroc sont signataires des accords d’Abraham. Ces accords signés en 2020 sous l’égide de l’administration américaine de Donald Trump consacrent la normalisation des relations avec l’État hébreu.
C’est sans doute ce qui explique les divergences de position entre les pays arabes du Golfe sur l’offensive du Hamas. L’Arabie saoudite, pourtant engagée dans des négociations de normalisation avec Israël, a quant à elle accusé « les forces d’occupation israéliennes » d’être à l’origine « d’une situation explosive ».