LIBERIA: LE PROCESSUS ÉLECTORAL DANS L’IMPASSE VOICI POURQUOI
Au Liberia, le processus électoral qui a débuté depuis le 10 Octobre vient d’être suspendu par la Cour suprême. La haute juridiction a également ordonné à la commission électorale d’examiner un recours de l’opposition.
Cette décision de la Cour suprême a entraîné le report du second tour qui devait débuter mardi dernier. Il faudra attendre encore plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant de connaître l’issue de cet imbroglio juridique voire constitutionnel, si la procédure s’éternise puisque le mandat de la présidente, Ellen Johnson-Sirleaf, se termine le 15 janvier prochain.
Pour le politologue William Reno, de l’université Northwestern, le véritable enjeu est moins juridique que politique : « Le processus institutionnel n’est pas sans importance, mais dans un pays comme le Liberia, il faut plutôt regarder du côté des acteurs impliqués. Ce qui est en cours, à mon avis, c’est une renégociation du pouvoir au sein de la classe dirigeante, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose. C’est peut-être même la façon la plus pragmatique de préserver la stabilité politique du Liberia. »
Il s’agit pour les élites de protéger leur position privilégiée, mais aussi de tourner définitivement la page après la guerre civile. Pendant la guerre, si vous vouliez jouer un rôle politique, il fallait être prêt à se salir les mains. Ces gens-là ont tous des squelettes dans le placard. Un populiste comme George Weah, à plus forte raison parce qu’il est jeune, pourrait se servir de ça contre les gens qui se sont sali les mains. En clair, beaucoup de gens ont besoin, en ce moment, d’être rassurés. »